Bof, c'est assez inintéressant comme film, pas que ça soit fondamentalement mauvais, mais bon j'ai vu ce film, je ne l'ai pas vu, c'est pareil, pas d'émotions d'aucune sorte, comme certains copient froidement les travellings de Max Ophüls certains copient froidement ceux des Dardenne.
En fait j'ai aimé le début du film, à part le tout début que je trouve assez "foutage de gueule en règle, façon je suis un artiste" avec le début du premier plan séquence qui est flou avant que Saul débarque devant la caméra. Que l'on ne montre pas le décor (c'est ça qui a dû plaire à Lanzmann) du camp parce qu'il est dans le flou je trouvais ça bien, mais de là à filmer du flou... surtout pour ouvrir le film... enfin... Donc le film commence et semble tenir son parti pris, la caméra qui suit Saul, tourne autour de lui, j'avoue avoir pensé à plusieurs reprises à la caméra libre d'un jeux vidéo où tu t'amuses à la tourner dans tous les sens... et le film n'est pas didactique, on ta balance juste une info sur un carton noir au début pour recontextualiser et c'est parti. Tout le reste on le déduit du peu que l'on voit.
Mais il y a quand même un problème majeur avec ce que l'on voit, c'est que l'on nous abreuve à cause du concept, du fait de vouloir en montrer le moins possible du camp (ce qui peut être louable là n'est pas la question), c'est qu'on a tout de suite que des gros plans et que ça, tout le temps, tout le temps, tout le temps. J'étais au fond de la salle, heureusement. Le second problème c'est que ce personnage n'est pas intéressant pour un sous, il est fou, alors c'est peut-être crédible dans le contexte, mais suivre un fou pour lequel je n'ai aucune empathie, ni même respect, ça me saoule très vite... Surtout en gros plan...
Et le format n'aide pas, je veux bien comprendre que toujours dans la même logique on ne va pas filmer ça en scope, ça aide aussi à créer un sentiment d'étouffement pas forcément malvenu, sauf qu'on étouffe avec notre fou.
Que le type soit pas le bon gars parfait je trouve ça bien et intéressant, mais il y a une différence entre écrire un personnage égoïste, ambigüe ou que sais-je un mec qui est clairement ravagé du bulbe.
Pour moi c'est ça le défaut, je m'en fous de ce gars, je m'en fous de sa quête, qui n'a aucun sens, qui est absurde au possible et qui n'a aucun intérêt. Pourquoi je m'intéresserais à ce gars là ? Parce que tu me le mets sous les yeux ? Non ça ne suffit pas.
Le seul moment du film où il a failli se passer quelque chose en terme d'émotion, de sentiment ou tout simplement de quelque chose d'intéressant qui ne soit dans l'absurdité la plus totale, c'est lorsqu'il se rend chez les femmes et qu'une femme qu'on ne connaît pas lui donne un paquet et prend sa main (bon c'est pas subtil comme plan), et c'est Saul qui va renoncer à cette marque de tendresse. Même dans Vénus Noire de Kechiche, lorsqu'on lui offre, le seul moment dans un film de plus de trois heures, un moment de tendresse, de sympathie ou que sais-je, elle ne le refuse pas.
De plus je ne comprends pas que ses camarades le couvrent, le type est perdu dans ses nuages et met tout le monde en danger...
En gros il y a des idées qui fonctionnent parce que le parti pris est intéressant (je pense au plan où on ramène Saul sur la berge de la rivière, à cause du cadre on ne voit pas le type arriver pour l'aider), mais sur la durée d'un film qui dure 1h47 c'est juste lassant de voir un pauvre type en gros plan complètement à la ramasse. Et la fin... pff... On a un plan artificiel au possible, tout ce que je déteste.
Mais ça ne chouine pas... Je ne vais pas lui enlever ça.
Je suis très mitigé, parce que oui c'est bien fait, mais c'est pas pour ça que c'est intéressant. Et c'est à cause même de l'idée du fils de Saul. Tant qu' à faire j'aurai préféré passer 1h47 à le voir jeter des cendres dans la rivière avec sa pelle et éviter l'ire des nazis plutôt que de le voir tenter d'enterrer un corps et emmerder tout le monde avec ça...