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Mandy, une jeune adolescente, se réveille sur la pelouse devant sa maison. Il ne lui reste aucun souvenir de la soirée qu’elle a passée, juste une gueule de bois et quelques hématomes. Elle essaie de poursuivre sa vie et ses entraînements de basket sans trop y penser mais quand une vidéo de la soirée circule, son monde bascule. Mandy est filmée complètement ivre, quelques garçons sont autour d’elle et l’un deux, avec qui elle flirtait ce soir là, rigole et tente de lui baisser son pantalon. Mandy essaie de reconstituer la soirée mais le jeune homme en question parle d’une blague de mauvais goût, qu’il ne s’est rien passé, qu’elle s’est urinée dessus et que c’est pour cela qu’il essayait de retirer son pantalon. Mandy est terrifiée, elle ne reconnaît pas la voix de tous les garçons et craint le pire. Elle ne veut absolument pas en parler à ses parents mais ils vont la convaincre de porter plainte. Commence alors une longue et douloureuse procédure pour rétablir la vérité.
La mise en scène m’a marquée car il y a une certaine lenteur. Mandy et sa famille ne peuvent qu’attendre que la procédure se lance et la police les prévient que cela peut durer des années. Une vidéo de quelques secondes peut ruiner beaucoup de vies pour longtemps. Ici les réseaux, le téléphone, les écrans sont les outils de perdition, de déformation de la vérité mais aussi d’un reflet assez juste de cette génération connectée. Les images détruisent encore plus que des coups et des faces à faces. Pippa Bianco distille au gré des scènes un portable, une TV, le bruit incessant des notifications de textos. Mandy tente même de recouvrir la mémoire lors de séances d’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires ou plus couramment EMDR mais ces incessantes pulsions de lumière ne font que renvoyer Mandy face au trou noir qu'est son impossibilité de savoir ce qui lui est arrivé. La jeune réalisatrice filme avec pudeur, sans minimiser la gravité de la situation, son héroïne qui tente de se ré-approprier son corps dont elle se sent dépossédée au fur et à mesure que les vidéos de la soirée refont surface.

Ça commençait mal, avec un rythme digne des téléfilms français. Mais ok est finalement rapidement pris dans cette histoire, qui sonne tout de suite très authentique, loin de la série 13 reason why vraiment très tournée vers un public adolescent. Le mot viol n'est pas prononcé une seul fois, et il n'y a rien de cru tout au long du film. Pourtant, les émotions sont bien transmises, la place des parents, perdus face à une situation que probablement personne n'est préparé à assumer. C'était vraiment un beau film, bien que sombre avec une fin qui finalement déçoit un peu.