8 ans et demi. C'est le temps qu'il aura fallu attendre pour retrouver Michael Mann en salles, après le bancal "Blackhat", par ailleurs gros four au box office. Du moins là où je vis actuellement, car en France la sortie en salles de "Ferrari" ne semble même pas acquise à l'heure actuelle !
Un projet de longue haleine pour le réalisateur, qui aurait pu/du se concrétiser dans les années 2010. On parlait à l'époque de Christian Bale dans le rôle titre (qui se vengera avec "Ford v. Ferrari" ?), puis Hugh Jackman (!). Finalement, le film sort en 2023, avec un budget confortable de 95 millions de dollars, et Adam Driver dans le rôle titre.
Soyez prévenus, "Ferrari" n'a rien d'un biopic ou d'une success story sportive. On est à des années lumière de "Ford v. Ferrari", auquel il sera immanquablement comparé vu son sujet.
C'est un drame familial intimiste sur une famille brisée. Enzo et sa femme font encore le deuil de leur fils, décédé l'année précédente. Enzo a un maîtresse et un autre fils, et se pose la question de le reconnaître officiellement. Et ses problèmes financiers vont secouer tout ça. La participation à la course Mille Miglia est finalement presque secondaire, à l'image des pilotes assez peu développés dans le récit.
Par ailleurs, ce n'est pas une oeuvre calibrée pour le grand public. Pas de méchant. Même Maserati, un temps présenté comme pseudo antagoniste, est finalement complètement sous-employé. Pas de personnage vraiment attachant. Pas d'enjeu sportif sinon les tourments du couple principal, et, à la rigueur, la santé financière de l'entreprise. De quoi se mettre le box office à dos !
Néanmoins tout est fait avec maîtrise et finesse. Les acteurs sont excellents, Adam Driver et Penelope Cruz en tête, qui forment un couple en lambeaux. La mise en scène est travaillée, dont de magnifiques séquences en voiture à travers l'Italie, surtout dans le dernier acte. Ainsi que quelques scènes très bien découpées (celle de l'église, notamment).
Le scénario se focalise bien sur les tourments et contradictions d'Enzo Ferrari. Un homme exigeant, perfectionniste, mais dont la vie de famille part en morceaux. Un homme qui donne à son écurie une allure familiale, mais qui s'émeut peu de la mort de ses pilotes. Un homme à l'aura incroyable en Italie, ce qui lui confère des avantages mais peu aussi l'écraser.
Par contre, je pointerai du doigt les séquences de crash, qui ne m'ont pas du tout convaincu, en autres par excès de CGI grossiers.
Le premier crash est très étrangement monté, on a l'impression qu'il manque la moitié des plans (pas d'impact du pilote au sol, son corps en l'air a l'air d'un mannequin numérique). Je comprends qu'il s'agit aussi de monter le détachement d'Enzo, mais tout de même, il m'a semblé voir deux scènes différentes en parallèle !
Quant au fameux crash de la Mille Miglia, la scènes est beaucoup trop numérisée pour être crédible. Dommage car l'idée de montrer la violence d'un crash de l'époque était salutaire.