Dans le paysage cinématographique contemporain, "Ferrari" de Michael Mann se pose comme une fresque audacieuse, explorant avec brio la vie tumultueuse d'Enzo Ferrari, incarné avec une intensité palpable par Adam Driver. Le film tisse une narration dense, entrelaçant les épreuves professionnelles et les tourments personnels de Ferrari durant l'été crucial de 1957, un moment charnière pour la Scuderia Ferrari et pour le destin même de la marque au cheval cabré.
Le casting, riche et varié, avec Penélope Cruz en Laura Ferrari et Shailene Woodley en Lina Lardi, apporte une profondeur émotionnelle nuancée, bien que leurs performances, bien que solides, ne parviennent pas toujours à capturer pleinement la complexité de leurs personnages réels. La dynamique entre Enzo et Laura, notamment, aurait gagné à être plus développée, offrant une toile de fond plus riche aux dilemmes moraux et aux choix cruciaux auxquels Ferrari est confronté.
La reconstitution de l'époque est impeccable, la direction artistique et la photographie plongeant le spectateur dans l'Italie des années 1950, avec ses courses endiablées et ses drames humains. La séquence des Mille Miglia est particulièrement remarquable, Mann maniant avec virtuosité la caméra pour capturer l'essence brute et la dangerosité du sport automobile de cette époque. Cependant, cette intensité visuelle n'est pas toujours accompagnée d'une clarté narrative, le film semblant par moments perdre son élan dans la complexité de ses sous-intrigues.
La musique, composée par Daniel Pemberton, enveloppe le film d'une atmosphère captivante, bien que parfois, elle semble en décalage avec le rythme de la narration, oscillant entre l'émotion pure et une certaine retenue, comme si elle ne parvenait pas tout à fait à décider du ton à adopter.
"Ferrari" excelle dans sa capacité à humaniser un personnage légendaire, le présentant non pas comme un icône infaillible mais comme un homme écartelé entre ambition et vulnérabilité. Ce portrait nuancé est le point fort du film, offrant un regard intime sur les sacrifices et les choix douloureux derrière la façade publique.
En conclusion, "Ferrari" est un film qui, malgré ses ambitions et son esthétique soignée, peine par moments à trouver son équilibre, oscillant entre drame intime et épopée sportive. Il réussit néanmoins à captiver, grâce à des performances engagées et à une mise en scène parfois éblouissante, mais laisse le spectateur sur sa faim quant à l'exploration de certains aspects de la vie d'Enzo Ferrari. Un voyage cinématographique intéressant, certes, mais qui, dans son ensemble, n'atteint pas totalement la grandeur et la profondeur que l'on pourrait en attendre.