"Luckiest girl alive" que l'on peut traduire littéralement ainsi : "la plus chanceuse des filles vivantes", est à prendre au second degré, plus sûr. Mais, il s'affuble en France de ce titre impersonnel et banal : "La fille américaine". Il traite de la violence dans les facs américaines, des viols provoqués par des étudiants richissimes et intouchables, des victimes qui se font passer pour des coupables, des étudiants en détresse qui sont amenés à faire leur propre justice et à tuer. Ce sujet est commun, diriez-vous. En effet, vous les retrouvez sur les chaines hertziennes sous forme de thrillers les après-midis ou encore dans un épisode d'une série policière du soir. Cependant, ce film utilise un autre angle : celui du témoignage d'une victime, plus de 20 ans après son viol, avec tous les filtres, les doutes infligés par ses proches, ainsi que par la société qui "ferme les yeux".
Par rapport à d'autres témoignages à succès comme "Le journal de Bridget Jones" qui aborde les femmes, le rapport à leurs poids et aux hommes, ou encore "Le diable s'habille en Prada" sur les relations avec une patronne autoritaire et puissante, "American Girl" est plutôt cru et violent. Mais, il n'a rien à voir avec, par exemple la série espagnole "Santo" qui aborde le fanatisme et montre des scènes de violences physiques et psychologiques insoutenables.
La mise en scène de "American girl", avec les jeux de miroirs par exemple, ou encore la narration d'Ani qui répond ce que les autres veulent entendre, mais qui, dans ses silences, nous fait part de sa vérité criante, sont très subtiles, et permettront à beaucoup de s'identifier et d'oser briser la fameuse "loi du silence".