L'ultime chef-d'oeuvre de Scorsese? En tout cas, il est incontestablement sur le podium, tellement cette oeuvre est maîtrisée, riche, rythmée, critique, puissante, magnifiquement interprétée, et je pourrais encore donner mille adjectifs pour qualifié Bringing out the Dead.
Reprenant plus ou moins l'intrigue de Taxi Driver, le film narre le quotidien d'un ambulancier travaillant dans un des quartiers les plus dépenaillé de New York, l'obligeant ainsi à être confronté à la dure réalité de la vie des bas-fonds de la métropole : Drogue, prostitution, violence, disfonctionnement des organes de la santé. Bref, à travers ce New York, Scorsese continue sur un thème qui lui est cher, déjà traité dans plusieurs de ces films (Taxi Driver, Les Affranchis, Casino, puis Gangs of New York), soit la construction de l'Amérique à travers la violence, le vice et la souffrance.
Frack Pierce, le jeune ambulancier dont il est question, va vivre ainsi une longue descente aux enfer, comme le réalisateur italien sait si bien les mettre en scène. Présenté comme une figure christique voulant sauver ce monde en perdition, le protagoniste est littéralement plongé dans cette misère qui le ronge, le fatigue, le portant peu à peu vers une folie hallucinée, un monde psychotique déjanté.
Bringing out the Dead n'est pas qu'un simple remake de Taxi Driver, mais une révision complète du film qui fit le succès de Scorsese, pour arriver à quelque chose de tout différent, autant sur la forme que sur le fond.
Une chose qui s'en démarque en particulier, est la prouesse technique du maître, qui ne se contente plus du rythme lent et sobre de Taxi Driver, et met en scène un film doté d'un sens du rythme incroyable, d'audaces visuelles quasi jamais égalées et bien sûr, comme d'habitude, la bande son est géniale. Tout cela concède une harmonie incroyable à cette oeuvre, tout en maintenant un nombre inconsidérables de réflexions sur des problèmes sociaux majeurs de la société.