Parmi tous les Pinocchio sortis ces dernières années, cette version est celle qui m’intriguait le moins et dont, clairement, j’attendais et espérais le moins. Pourtant, ‘Pinocchio’ fait partie de mes classiques Disney favoris…mais je sais parfaitement comment fonctionnent ces portages (à de rares exceptions près, comme ‘Dumbo). On modernise le ton, on rajoute quelques trucs à l’utilité discutable, on édulcore, on adapte, on dénature, tout en conservant quelques clins d’oeil aux anciennes versions pour la forme et pour les boomers…et au final, on se retrouve avec un truc pas très compréhensible et pas très équilibré, qu’on rangera au rayon des curiosités vues une fois sans qu’on ait jamais envie de réitérer l’expérience. Autant la prouesse numérique parvenait malgré tout à émerveiller dans le cas du ‘Roi-Lion’ ou du ‘Livre de la Jungle’, autant ici la marionnette n’a rien de franchement mémorable à offrir, pas plus d’ailleurs que les quelques passages du dessin-animé où le portage-live aurait pu réserver quelques surprises (le monstre marin, la transformation en âne, …). Il est d’ailleurs interpellant de constater que Robert Zemeckis, qui fut tout de même un pionnier des effets spéciaux et numériques, est réduit ici à un rôle de Yes-man mécanique, qui ne se foule franchement pas pour s’acquitter de la mission qui lui a été confiée. On croit bien déceler un début de discours sur le créateur-démiurge par l’entremise de Gepetto mais il ne deviendra jamais audible. Ce ne sont pas non plus les quelques modifications cosmétiques (la fée bleue, le monstre marin, l’apparition d’une jeune fille boiteuse chez Stromboli,...) qui interpellent car toutes sont inoffensives et insignifiantes. Alors que le dessin-animé de 1940 prenait déjà de sérieuses libertés avec le roman de Carlo Collodi, qu’il édulcorait considérablement jusqu’à faire de Pinocchio un béni-oui-oui espiègle très éloigné du modèle d’origine (même en bois, un sale gosse reste un sale gosse), sa réactualisation va encore plus loin. On peut critiquer le discours normatif propre à Disney (“Si tu es gentil et conforme, tu deviendras un vrai petit garçon”) mais j’ai surtout envie de hurler sur la complète déresponsabilisation du héros : à chaque fois qu’il foire, fait une connerie ou trahit la parole donnée, ce n’est même plus à cause de ses choix et actions mais en raison d’une incroyable conjonction de coïncidences extérieures, limite ‘Destination finale’, qui le dédouane absolument de tout. Du bois de chauffage, voilà ce qu’il faudrait en faire de ce pantin…mais aujourd’hui, même dans un film d’animation, plus personne n’oserait menacer une marionnette d’en arriver à telles extrémités…