On se doutait qu’un jeu vidéo qui a suscité un engouement aussi massif, généré cinq épisodes et des bénéfices sans commune mesure avec le peu qu’il avait dû coûter au développement allait attirer l’attention de Jason Blum. ‘Five nights at Freddy’s’, le jeu, reposait sur deux idées simples comme tout : une peluche animatronique, ce n’est pas mignon du tout, c’est même effrayant…et une peluche animatronique qui vous saute au visage pour vous bouffer, c’est un jump-scare qui fonctionne. Après, il y avait ce gameplay basique à base de gestion raisonnée d’une ressource unique (l’électricité, vitale pour checker les caméras et fermer les portes) mais ça n’avait pas beaucoup d’importance : le côté freaky avait réussi son hold-up et généré un de ces cultes bizarres dont Internet a le secret. Ce qui manquait au jeu donc, c’était un véritable scénario (et Nicolas Cage, qui a joué voici quelques années dans une copie conforme, bien supérieure à la nouvelle version et appelée ‘Wily’s wonderland). Cette vacuité narrative, l’adaptation à l’écran y a remédié…beaucoup…beaucoup trop même. On s’y perd, entre l’histoire de ce vigile dont le petit frère a été kidnappé dix ans plus tôt, de sa petite soeur autiste que la tante veut récupérer pour toucher le chèque et de la fliquette trop bien intentionné qui passe tout les soirs voir comment ça se passe chez Freddy’s : non seulement tout cela est inutilement entortillé mais aussi parfaitement inintéressant. D’autre part, bien que basé sur un jeu qui fonctionnait intégralement sur l’effet jump-scare, le film se montre terriblement économe en la matière. Je ne vais pas commencer à râler vu tout le mal que je dis d’habitude des films d’horreur qui basent tous leurs effets là-dessus…mais ‘Five nights at Freddy’s’, s’il n’est pas effrayant du tout, ne fait même pas usage de violence graphique ou de gore. En fait, plus on avance dans le film et ses tentatives forcenées de ne rien laisser sans explications, plus on découvre les bestioles et moins elles ont de raison de faire peur à qui que ce soit puisque le scénario leur confie finalement un rôle plutôt positif. On se retrouve donc devant un paradoxe, celui d’un film d’horreur “familial” qui ne pourra réellement impressionner que les enfants d’une dizaine d’années…mais en tant qu’adulte responsable, vous ne montreriez jamais ce genre de film, qui pourrait contrarier leur développement affectif et émotionnel, à des enfants de cet âge, pas vrai ? Pas vrai ?