Aux esprits chagrins qui pensent que le réalisateur russe, Alexander Kott s’est lancé un défi stupide de tourner un film muet, je leur réponds que ce film frise le chef d’œuvre…dès les premières images, du moins celles qui suivent le générique, car les premières images m’ont semblé celles de l’après, j’ai pensé à la Terre éphémère, du géorgien George Ovashvili où sur le fleuve Inguri, frontière naturelle entre la Géorgie et l’Abkhazie, des bandes de terres fertiles se créent et disparaissent au gré des saisons et où un vieil Abkhaze et sa petite fille cultivent du maïs sur une de ces îles éphémères, film paisible sans trop de paroles où les gens vient en harmonie avec la nature, le calme avant la tempête….dans le Souffle, nous sommes en pleine steppe kazakhe, au milieu de nulle part, une steppe balayée par le vent, à la blancheur du coton ou à l’aridité des pâturages…on ne sait trop si le père est éleveur puisque qu’on le voit amener un bélier…ou autre…où part-il chaque matin avec sa camionnette brinquebalante , laissant sa fille conduire jusqu’au même embranchement, et la laisser revenir à pieds avant que son prétendant la rejoigne et la ramène à cheval…sa fille d’une beauté lumineuse courtisée par son jeune fermier avant que n’arrive au hasard d’une panne un jeune clown ou acrobate russe….pas une parole ne sont échangées, mais des regards, des scènes qui sont autant de tableaux vivants tant l’image est travaillée jusqu’au moindre détail…c’est beau , la beauté des images se dispense de mots…et ne sont pas simple esthétisme, comme un livre d’images sur papier glacé… ces images expriment le calme d’une vie simple comme dans la Terre éphémère, le calme qui précède la tempête, car nous découvrons que dans cette steppe, l’URSS a procéder de 1949 à 1989 à ses essais nucléaires sans se préoccuper des populations qui y vivaient et même plus cyniquement pour en apprécier les effets sur les dites populations…ainsi on voit débarquer un soir d’orage un groupe de militaires qui passe la maison et le père au compteur Geiger, le père et sa camionnette sont fortement irradiés , il sera conduit à l’hôpital par les militaires pour décéder après son retour…le ballet amoureux reprend mais bientôt le souffle de la steppe se transforme en souffle apocalyptique de l’explosion nucléaire, filmée d’une manière éblouissante mais qui détruit tout dans un chaos de fin du monde…j’ai trouvé ce film surprenant, beau et très fort…les acteurs sont non professionnels, ils sont magnifiques…