Entendu, ça cocotte le patriotisme ! Entendu ça exhale une Amérique héroïque ! Entendu ça respire une Amérique cimentée ! Et alors ? C’est une histoire vraie. N’avons-nous pas remarqué combien il est étrange que les attentats ressoudent les hommes entre eux, tous les citoyens et flics compris. Que cette union pourrait passer pour un excès de zèle, d’humanité ?! Et nous ? Avec Charlie Hebdo, le Bataclan, Nice ? N’étions-nous pas « étrangement » soudés. N’avons-nous pas salué nos policiers, embrassé nos forces de l’ordre ? Nos secouristes ? N’avons-nous pas eu nos propres excès ? N’avons-nous pas vécu et répété des minutes de silence sur tous les stades de France et étrangers ? Ne tenions-nous pas un même langage ? N’avons-nous pas tenu des discours légitimement et pompeusement solennels ?! N’avons-nous pas vu éclore subitement des drapeaux français devant des pavillons, aux balcons des immeubles ? N’avons-nous pas sorti notre soudaine humanité de nos vieux coffres rangés au fond d’une cave sombre ? N’avons-nous pas placardé, crié, chanté, pleuré « Nous sommes Charlie », « Je suis Paris », « I love Nice »? N’étions-nous pas chauvins, cocardiers, patriotes, Français ? N’avons-nous pas sensibilisé le monde pour l’inviter à pleurer avec nous ? Combien de jours avons-nous été vraiment unis ? L’actualité brûlante nous prouve que nous ne tenons plus le même langage, pire, on y entend des discours fétides, des relents abjects qui nous renvoient dans un passé abominable. Alors, oui, Boston et les Etats-Unis peuvent le temps d’un attentat crapuleux et d’un film raviver la flamme du patriotisme. Quel mal à ça ? Est-ce honteux de le rappeler à la toute fin du film ? Est-ce déplacé que de rendre hommage aux vraies victimes ? Y a t-il besoin de s’en offusquer ? De jouer les vierges effarouchées ?! Est-ce à ce point insupportable d’écouter les vraies victimes parler d’amour, d’humanité tout en énumérant les villes depuis meurtries par le terrorisme ? Dernièrement Clint Eastwood avec « Le 15h17 pour Paris » a tenu à honorer des héros américains qui avaient déjoué un attentat dans le Thalys. Les Etats-Unis ont cette capacité depuis toujours d’affronter leur Histoire récente. Même quand elle n’est pas flatteuse comme la guerre du Vietnam, par exemple. Et nous ? Quand verra-t-on un film sur nos attentats ? Ce serait déplacé ! Ce serait inconvenant ! Pas ça chez nous ! non, « patriotique » est un mot honteux et connoté extrême-droite. « Traque sur Boston » n’est pas une fiction pour profiter de balancer du patriotisme gratuit. C’est un fait réel. On connaît les américains. Leur fibre patriotique. Même Spielberg est tombé dans le piège avec « « Il faut sauver le soldat Ryan ». Ne lui a-t-on pas reproché ce drapeau U.S en toute fin de film ? La question est de savoir si on peut éviter d’évoquer le patriotisme quand une population d’un pays est victime d’une attaque qui touche à leur principe de vie. Un récit fictif, sans doute, mais apparemment pas si c’est un fait réel. On le voit bien, toute une population communie. Tout ressort : l’amour pour son prochain et l’amour pour son pays ou sa ville. Peter Berg ne pouvait pas ne pas l’évoquer et encore moins en reconstituant des faits réels. Difficile d’éviter cette fibre patriotique sur un tel sujet tragique comme « Traque à Boston » ? Je ne me rappelais plus dans quelles conditions la traque avait pris fin. M’en étais-je vraiment inquiété ? J’étais soulagé simplement de savoir que tout finissait bien. J’ignorais le nombre exact de victimes. C’est pourquoi la séquence avec Manny, le chinois, était très intense. Etait-il au nombre des victimes ? La scène fonctionne bien, son regard pour évaluer sa situation pour s’extraire indemne de la voiture est saisissante de suspens. L’attaque dans la zone pavillonnaire fonctionne tout aussi bien, une guerre urbaine efficace. Peter Berg nous offre un film bien ficelé, un thriller historique en y insérant habilement des images d’archive. Je n’ai pas vu le temps passé. Je crois le film de Peter Berg sincère. Au-delà du fait réel, j’y ai vu aussi un bon film d’action. Du cinéma, tout bonnement.