En fait, suite à cette rafale de mauvaises critiques, je m'attendais tellement à être déçu que ça m'a fait l'effet inverse. L'adaptation live de "Mulan" n'a en effet pas beaucoup de chance ; initialement prévue pour les salles de cinéma en mars 2020, sa sortie se voit repousser pour finir sur Disney +. Je pense que s'il avait été découvert sur grand écran, la réception aurait été tout autre car visuellement je l'ai trouvé magnifique. Alors oui, y'a du fond vert par-ci par-là, mais le cadre de la Chine médiévale a le mérite de nous dépayser immédiatement. Ensuite, là où se heurtent toutes les adaptations Disney, c'est dans leurs comparaisons avec leurs originaux, et ils ont globalement tous tendance à faire un copier-coller paresseux du récit initial, accompagné de stars et d'effets-spéciaux à la pelle. Pour le cas de "Mulan", la réalisatrice Niki Caro prend le parti pris de raconter une autre histoire en s'extrayant du dessin-animé de 1998 et en honorant les valeurs du pays d'origine. Eh non, ici, plus de Mushu ni de Cricket, plus de Grand-Mère rigolote ou de Chi-Fu ridicule, plus de chansons d'anthologie non plus, mais un film de guerre plus brutal, avec une méchante ensorcelante et un phoenix magique ! Il faut vraiment le regarder indépendamment de l'oeuvre originale, au risque de passer à côté de cette Mulan 2020. Franchement, je l'ai trouvé vraiment pas mal, que ce soit en termes d'esthétique ou d'interprétation (Liu Yifei a la carrure badass du personnage !), de musiques ou de scénario, ce "Mulan" s'inscrit dans la lignée du cinéma chinois. Ceci peut notamment jouer en sa défaveur car cela rend plus fantaisiste certaines scènes de combats. D'autres viendront se plaindre de longueurs et d'un manque d'émotion. Si on est pas adepte de ces codes, difficile d'y être sensible, surtout quand on a des attentes précises en tête. Pour ma part, la touche d'émotion est bel et bien là, préservée par la pudeur de ses interprètes, notamment Liu Yifei et Gong Li. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé le parallèle entre ces deux personnages, entre la guerrière et la sorcière : une belle métaphore du traditionnel Ying et Yang. Ensuite, il y a aussi la présence d'un phénix qui survole les paysages désertiques où se rend l'héroïne ; ce dernier est le pendant féminin du dragon, donc c'est un beau symbole pour représenter la force vive de Mulan. Et enfin, on a ces décors splendides, ces points de vue aériens sur les rizières, les déserts, les montagnes ou encore la Cité Impériale qui rendent hommage à la beauté du pays. Cependant, qu'on soit rassuré, le remake de 2020 lance de nombreux clins d’oeil à son ainé. Et si les chansons sont absentes, les fans noteront des références habiles à celles-ci éparpillées tout au long du film. Pour ce qui est du scénario, il diffère totalement tout en préservant des pans de dialogue entiers de l'original. La thématique de l'émancipation et le message féministe sont aussi présents et renforcés par l'aspect plus sérieux du film.