Après être tombé sur une très bonne surprise avec "Quai d'Orsay" de Bertrand Tavernier, j'ai profité à l'occasion d'une soirée tv consacrée à ce bon vieux Philippe Noiret pour enregistrer "Coup de torchon" porté par ce dernier.
Et tout comme le film cité plus haut et même encore plus la surprise fut immense, un vrai coup de cœur pour ce coup de torchon, ça en fait des coups ! Je découvre un cinéma que j'aime énormément avec Tavernier, surtout grâce à cet humour que je retrouve avec un plaisir exceptionnel, c'est vraiment la chose qui me frappe chez ce monsieur, il sait livrer une histoire sombre tout en rajoutant une légèreté très agréable. Une fois de plus comme le film cité plus haut je ne m'attendais pas du tout à tomber sur de si bons films, d'où ma surprise évidente, je ne vais pas le cacher c'est avant tout grâce à l'humour que je les ais aimé, cela ne m'empêche pas de reconnaître que l'histoire et surtout la morale de ce "Coup de torchon" baignent facilement dans le dramatique.
L'histoire est simple: dans un petit patelin africain, nous suivons un pauvre gars qui très étonnamment se révèle être policier, c'est le genre feignant, peureux, trop gentil et qui ne cesse de se laisser marcher dessus, que ce soit pas des macs, ses propres supérieurs ou même sa femme qui le trompe ouvertement. En bref ce gars n'a pas une vie qu'on pourrait envier, on éprouve seulement de la sympathie et la compassion pour lui, et je dis pas ça parce qu'il porte le même nom que moi.
Seulement à trop être gentil et à se faire humilier sans cesse le pauvre Lucien a explosé, comme n'importe qui le ferait je pense, il décide donc de tout bonnement descendre ceux qui le font chier. Il se révèle finalement futé, fourbe et pas aussi con que l'on aurait pensé, mais à trop vouloir se venger on oublie le bien du mal et c'est ce qui arrive à ce policier qui à clairement mit de coté sa sensibilité et sa compassion, enfin c'est ce qu'on croit jusqu'à la dernière scène.
Tavernier frappe donc un grand coup (décidément^^) en fondant un drame très fort dans une comédie aux dialogues savoureux, et quand je dis savoureux je pèse mes mots parce que j'ai vraiment pris mon pied devant ce film, j'ai ri et ri tout le long, c'est presque du Audiard niveau dialogue mais avec un coté un peu plus macabre et burlesque. J'ai encore des répliques en tête fascinantes et à mourir de rire, mais ce qu'il faut bien sur saluer c'est haut delà du texte celui qui les prononces et faut dire que Tavernier n'est pas un manche pour choisir ses acteurs. En tête comme je le disais plus haut nous retrouvons un Philippe Noiret stupéfiant, j'me rend compte que je n'ai pas vu vraiment beaucoup de ses films, mais dans ceux que j'ai vu c'est très certainement son meilleur rôle. Son évolution est fantastique et sa manière de parler est carrément jouissive, tout en finisse et avec ce coté fourbe et manipulateur, du moins après son pétage de câble, avant ça il tendait avec brio du coté des simples et des lâches, une prestation impeccable et surtout remarquable que je ne suis pas prêt d'oublier.
A ses cotés, même si j'aurais pu encore balancer bon nombre de compliment sur ce bon vieux Noiret, nous retrouvons une Isabelle Huppert qui comme à son habitude est loin d'être pudique, même en sachant qu'elle était au casting je ne l'ai pas reconnu de suite, jeunette comme elle était, en tout cas "jeunesse" ne rime pas avec "mauvais" car elle ne l'est en aucun cas. Tout comme les autres acteurs d'ailleurs, je citerais bien évidement en premier un homme que j'adore pour son phrasé et sa tête d'étonné, Jean-Pierre Marielle, je crois que j'ai pratiquement jamais vu un acteur aussi drôle quand il joue l'étonnement, et sa voix est unique, une vraie perle ce mec, j'ai adoré la scène du train, Noiret le laisse partir en lui sortant une phrase illogique au possible et la réaction de Marielle est excise.
Ensuite nous avons à faire à un chanteur incroyable avec une vraie gueule et un charisme dingue, ce bon Eddy Mitchell, c'est quand même dingue de voir un chanteur aussi parfait que lui incarner des simplets au cinéma, ça change radicalement et c'est ça qui rend le tout amusant, le voir se plonger dans un rôle si loin de sa vraie nature, et ici il est une fois de plus extra dans la peau de Nono, le soi disant frère de la femme de Cordier (Noiret), mais il n'en est rien, c'est son amant et puis c'est tout, un beubeu qui joue les hommes, Stéphane Audran donc, s'occupe elle d'incarner la femme, une saloperie finie qu'elle joue très bien. Guy Marchand quant à lui se glisse dans la peau d'un personnage qu'il connait bien, le gars au dessus de tout le monde qui se la pète et sort des phrases que personne ne sort jamais, et comme à son habitude il est génial, y'a pas grand chose à dire de plus.
Michel Beaune, Gérard Hernandez ou encore François Perrot complètent le casting grâce à leurs seconds rôles, tous très bons évidement, je tiens particulièrement à souligner Perrot qui est à mourir de rire quand il intervient.
Bah voilà hein, Tavernier nous régal avec une comédie dramatique au fond et à la morale très juste, le tout saupoudré d'un humour piquant et irrésistible clamé par des acteurs en pleine forme. Sur la technique le film est extrêmement bien mis en scène et la réalisation ne déroge pas à la règle, la bande originale et de son coté sans surprise excellente également.
En bref, un joyau signé Bertrand Tavernier.