Joachim Lafosse revient à son sujet de prédilection : La famille et ses tourments. Et c’est avec habileté, comme toujours, qu'il vient s’immiscer dans l'intimité de ce couple qui se sépare, tout en vivant sous le même toit, pour des raisons économiques. Boris n'a pas les moyens de prendre un appartement. Il veut la moitié de la valeur de la maison. Marie ne veut pas. C'est elle qui a acheté et payé la maison mais c'est lui qui a fait les travaux. Ils doivent cohabiter le temps que chacun fasse des concessions. Au milieu, leurs deux petites filles qui assistent, impuissantes, à cette violence émotionnelle de la séparation de leur parents. C'est avec toute l' ingéniosité qu'on lui connaît que Joachim Lafosse filme au plus prés cette famille qui se déchire et permet au spectateur d'assister, comme à travers le trou d'une serrure, au désamour de ce couple. L'ambiance est souvent anxiogène, parfois même irrespirable, mais toujours sans pathos. Le choix du huit clos, tout comme celui du fil rouge du film à propos de la vente de la maison et des problèmes financiers, est un choix plus que judicieux. Il permet alors au spectateur d'entrer dans leur intimité, mais aussi de s'identifier aux personnages.Tout le monde peut se retrouver dans Marie. Tout le monde peut se retrouver dans Boris. Tout le monde peut se mettre à la place des enfants. C'est là toute la force du choix de cette mise en scène. Admirablement filmés, Bérénice Bejo, Cédric Kahn et Marthe Keller donnent vie à leur personnages avec une telle sincérité qu'on vit les disputes, les mesquineries, les chagrins, les rires, le désespoir et le chaos, comme si nous étions Marie, comme si nous étions Boris. L'économie du couple n'épargne rien ni personne, pas même le spectateur. Et c'est tristement beau...