Piste verte pour les néo-cinéphiles. Préparez votre tas de boules de neige : oui, on a autant aimé ce remake américain que l'original de Ruben Ostlund (ô sacrilège). Pour cause : on s'est moins ennuyé. Downhill n'est pas un remake sans idée, il se concentre sur la vulgarisation de l’œuvre (celle-ci est bien plus abordable pour un simple curieux), en renforçant l'aspect "tristement comique" de cette intrigue de père indigne (ou juste survivaliste ? : c'est tout l'enjeu psychologique du film). Will Ferrell a beau être tout à fait interchangeable ici, son personnage est une version un peu plus sympathique (il tente plus de vannes, des sorties, on voit qu'il essaie de recoller les morceaux, concrètement il ne manque que le "je suis désolé" lourd de sens, qui lui coûte visiblement beaucoup...), et surtout Julie Louis-Dreyfus (davantage connue pour ses séries Veep et Seinfeld) qui campe une maman plus sur la réserve (elle intériorise beaucoup, même si ses petits gestes soulignent bien son malêtre profond). On retrouve un petit caméo de Kristofer Hivju (qui jouait l'ami dans Snow Therapy, et qui est ici le secouriste désagréable : pas de redite), un rythme plus soutenu (grâce à l'humour, surtout avec la flopée de vannes sur les coutumes "débridées" des Européens, et au côté moins antipathique de cette version du couple), mais aussi une psychologie plus lisse (Ostlund creuse plus violemment, c'est certain), et une fin ouverte qui nous laisse quand même un brin sur notre faim (
ils se fuient mutuellement lorsqu'un amas de glace tombe du toit, se dévisagent sans qu'on ne comprenne s'ils s'en veulent de nouveau, ou acceptent que pour certains cas, la fuite mutuelle peut les sauver tous deux ?
Le doute nous titille). Bonus : voir les américains être traumatisés par la bise à la française, on ne s'en lassera jamais. Bien moins profond, bien moins joli (évidemment, quand on quitte Ostlund pour un remake américain avec deux réalisateurs peu connus aux commandes...), mais en contrepartie plus drôle, identifiable et rythmé. Un mal pour un bien, moins intelligent mais plus fun, les simples curieux ont une sympathique piste verte.