Certains films sont illuminés par une présence, par un jeu, par une grâce. Dans « Katie says goodbye », on ne peut qu’être bouleversé, chaviré par la personnalité si belle, si lumineuse de l’actrice Olivia Cooke qui joue le rôle d’une jeune femme qui se prostitue. Katie a bien un travail de serveuse, cela dit, mais un travail dont les revenus ne suffisent pas, pas même pour payer le misérable loyer du mobile home qu’elle partage avec sa mère, une mère qui passe son temps à ne rien faire, si ce n’est à recevoir des hommes. Katie a de qui tenir, mais, pour elle, tout semble décomplexé et presque simple. Elle met de côté l’argent gagné à tapiner afin de réaliser son rêve : quitter son pitoyable hameau de l’Arizona pour aller à San Francisco et y apprendre le métier d’esthéticienne. En attendant, pas une journée ne s’achève sans qu’elle songe à son père, un père dont elle ne sait pas ce qu’il est devenu mais à qui elle rend grâce pour ce qu’elle a vécu.
Ses remerciements se font encore plus intenses à partir du jour où sa route croise celle de Bruno (Christopher Abbott), le nouveau mécanicien du garage local. On raconte qu’il sort de prison, mais qu’importe, pour Katie c’est un coup de foudre. Rien à voir avec tous ceux pour qui, jusqu’ici, elle a monnayé son corps. Katie aime si fort qu’elle ne tarde pas à se déclarer : elle sait alors, même furtivement, ce que c’est qu’un amour vrai, échangé, elle découvre avec ravissement ce que c’est qu’être aimée et non pas seulement prise. Bruno, cependant, n’est pas quelqu’un de simple, il ne partage en rien la sorte de candeur que personne n’a pu enlever à Katie. Les rumeurs vont bon train à propos de cette dernière et, bien sûr, parviennent aux oreilles du garçon.
La naïve, la gentille Katie entame alors un chemin de douleurs. Ses pauvres illusions tombent les unes après les autres. Après avoir découvert la beauté de l’amour, c’est l’horreur de l’avilissement, de la souillure et de la trahison qu’elle doit supporter. Pourtant, rien ne peut totalement la priver d’une sorte de lumière intérieure : oui, elle, la prostituée qu’on n’a que trop tendance à mépriser, elle est habitée de générosité, d’innocence, de bonté. En choisissant Olivia Cooke pour ce rôle, Wayne Roberts, le réalisateur, a fait, semble-t-il, le meilleur choix possible : qu’elle sourie ou qu’elle pleure, Katie nous ébranle jusqu’au tréfonds.