Un paysan algérien, Fatah, après plusieurs réponses négatives les années précédentes, est enfin accepté pour présenter sa vache, Jacqueline, au salon international de l'agriculture de Paris, qui lui envoie un visa pour la France, mais il doit lui-même se payer le voyage. Tout le village se cotise pour lui permettre de partir. Lui qui n'est jamais sorti de son village, quitte donc sa femme et ses deux filles. Il arrive à Marseille, et de là, tente de gagner Paris à pied, avec sa vache. C'est l'occasion de rencontres truculentes (comme une fête où on le fait chanter... et boire), dramatiques (une manifestation d'agriculteurs où on le prend pour un des meneurs et casseurs, et il passe la nuit au poste) et aussi amicales (une fermière qui lui donne l'hospitalité, un aristocrate désargenté à qui il redonne le moral, son beau-frère Hassan, exilé en France et au départ mécontent de sa venue)... Interviewé par la télévision, il devient une vedette attendue avec impatience au salon.
Très belle histoire où on passe du rire aux larmes, le choc des cultures est une belle occasion pour le réalisateur de montrer la profonde humanité qu'il y a chez les uns et les autres. Voilà, un film émouvant parce qu'il parle de l'Homme : c'en est presque troublant, tant on avait perdu de vue, dans les blockbusters et les comédies habituelles, la simplicité et la richesse intérieure qui existe chez l'être humain. On n'oubliera pas de sitôt Fatah et sa vache Jacqueline. Après "Né quelque part", le deuxième film de Mohamed Hamidi est tout aussi tonique ! Bravo. J'espère que le public sera au rendez-vous, ou c'est à désespérer de l'humanité.
Le film nous rappelle le film "La vache et le prisonnier" aussi bien que le beau récit d'Hadrien Rabouin, "Le journal d'Hadrien et Caroline" (Ed. du Rocher, 2009), où un jeune paysan raconte ses pérégrinations avec sa vache le long des routes de France. La même humanité irrigue ces trois oeuvres.