Un petit boulot, le film posthume d’un cinéaste français prometteur, et oui tout le monde semble partir trop tôt, Pascal Chaumeil, qui nous avait gratifié il y quelques années, avec l’arnacoeur, de l’une des seules comédies romantiques hexagonale, mondiale dirais-je même, qui valait le détour depuis deux bonnes décennies. Toujours avec Romain Duris en tête d’affiche, le cinéaste associe son acteur fétiche à une pointure, Michel Blanc, pour nous livrer un polar misérabiliste, noir certes mais souvent drôle. En gros, le cinéaste s’essaie à un cinéma que l’on pourrait, à vue de nez, rapprocher de celui des frères Coen dans leurs manières de traiter la bêtise humaine lorsque celle-ci vire au drame, à la violence et un total manque d’empathie.
Pascal Chaumeil, avec son petit boulot, s’il livre un film tout-à-fait acceptable, du fait principalement de la très bonne prestation de Romain Duris, ne parvient pourtant pas à pleinement apprivoiser le genre auquel il s’essaie. Entre noirceur sociale, la France déshéritée qui souffre d’une ère industrielle sur le déclin, on pense aux régions du nord, et violence délibérément atténuée par le manque d’impact émotionnel sur les personnage, Chaumeil tente de faire rire par le burlesque, par des dialogues certes assez fins mais qui ne touchent qu’assez peu.
La morale veut donc ici que sans emploi, il s’agirait alors de massacrer son prochain contre fortune. Certes, l’idée n’est ni nouvelle ni dérangeante, elle n’est ni louable ni préjudiciable, mais la manière un peu aléatoire avec laquelle traite son sujet le cinéaste ne permettra pas au public d’accéder à cette forme de pureté dans la déchéance que pourrait nous offrir quelques cinéastes de renom, dont les deux frères mentionnés plus haut. Bref, c’est ici un exercice de style, un ultime exercice, de la part d’un metteur en scène parti malheureusement bien trop tôt, un metteur en scène qui si ici ne parvient pas réellement à convaincre, possédait toutefois un énorme potentiel dans une vaste palette d’approches comiques. Dommage qu’Un petit boulot soit un film facilement oubliable, parce que foncièrement, Pascal Chaumeil, pour son dernier tout de piste, méritait plus de reconnaissance. 08/20