Encore une adaptation de bande-dessinée, encore un échec...enfin, disons plutôt un semi-échec car comme à chaque fois, je n’ai pas l’impression que ce ‘Gaston Lagaffe’ ait été intentionnellement bâclé. Evidemment, la fille de Franquin trouve le résultat désastreux, de la même manière que son père avait refusé que son personnage puisse être identifié trop facilement dans l’obscur ‘Fais gaffe à la gaffe’ de Paul Boujenah, première vraie-fausse-adaptation de 1981...mais si on excepte la nécessaire évolution du contexte professionnel de Lagaffe, qui passe de la rédaction d’un journal pour la jeunesse à une start-up spécialisée dans le recyclage créatif d’objets souffrant de défauts de fabrication, il faut reconnaître que Pierre-François Martin Laval, sans doute sincèrement admiratif du travail de Franquin, a fait du mieux qu’il pouvait pour qu’on ne l’accuse pas d’avoir livré un produit platement opportuniste. Si lui-même n’est que moyennement convaincant en Prunelle, on retrouve, avec un niveau de fidélité variable mais globalement suffisant, ‘Moiselle Jeanne, Labévue, Lebrac et Jules-de-chez-Smith-en-face, les contrats de De Mesmaeker, le chat et la mouette, le gaffophone et toutes les autres inventions de Gaston, dont l’impersonation par l’inconnu Théo Fernandez, tout en mollesse et en naïveté ahurie, est sans doute ce qu’on pouvait obtenir de mieux dans ce contexte. Evidemment, il ne s’agit là que d’illustrer visuellement l’adaptation, sans doute un rêve de gosse pour tout réalisateur-fan et une succession de découvertes qui n’ont rien de déplaisant pour le spectateur...mais ce n’est pas avec ça qu’on fait un film. Dans le BD, l’humour était centré sur les inventions farfelues de Lagaffe, la récurrence des situations (les contrats, l’agent Longtarin, etc…) et les gags visuels, et le film tente d’imiter ces caractéristiques, même s’il manque l’équivalent de la violence et de la frénésie de la patte graphique de Franquin pour que l’ensemble, bien trop puéril, fonctionne correctement. J’ai également l’impression que la nature de grain de sable de Lagaffe dans la mécanique rigide du monde du travail, son incapacité nonchalante à adopter les valeurs de ce dernier et son positionnement écolo avant l’heure étaient typiques du climat des années 60 et 70 : il aurait fallu considérablement les aménager pour les rendre actuelles et pertinentes sur un écran au 21ème siècle mais on aurait alors trahi ce qu’on souhaitait adapter. Au fond, peut-être que les bande-dessinées de l’école de Marcinelle, soumises à certaines règles de conformisme et de bienséance, et a fortiori celles basées sur le format humoristique de la planche unique, ne sont tout simplement pas transposable au format Live-action. Et si elles le deviennent un jour, ce sera certainement grâce à un réalisateur d’une autre trempe que Pef...