En 2018, le cinéma français nous a gâtés de surprises sacrément mauvaises; Les Tuche 3, La Ch'tite Famille, la sortie d'Alad'2, tant de raisons faisant qu'on peut à présent pleurer pour notre cinéma populaire national en panne. Au milieu de cela, Gaston Lagaffe a pointé le bout de son nez, et se trouvant sorti au moment où le public semble en avoir marre des adaptations, ce premier film portant sur le flemmard inventif avait tout pour constituer un divertissement de bas étage.
Certes pas génial, il reste toujours meilleur que ce qu'on pouvait en attendre; largement plus divertissant que les autres comédies françaises populaires sorties cette année, Gaston Lagaffe rafraîchit légèrement l'esprit, plaît par sa stupidité presque involontaire. Naïf et grossier, ses contours semblent étalés à la truelle, avec ce faux air de nanar très appréciable.
Surjoué, mal joué, se prenant au sérieux jusque dans ses gags les plus stupides et grotesques, le film de Pierre-François Martin-Laval ne paraît jamais trop long et se suit sans peine, impressionnant son spectateur ébahi par toute l'étendue de son délire. Et le pire dans tout ça, c'est qu'on ne peut pas réellement lui en vouloir; avant tout destiné à un public enfant, il préconise le comique de gestes et de situation pour faire rire ses spectateurs en bas âge.
L'humour rappellera toutes les bêtises que l'on pouvait regarder étant jeunes, inepties qui nous faisaient rêver et qui, une fois revues, nous posent tout un tas de questions sur la santé mentale que l'on pouvait avoir à l'âge de cinq ans. Pour cela, Gaston Lagaffe pourra plaire aux plus jeunes, voir les faire rêver, rire sans difficulté réelle et par le simple surjeu de ses acteurs perdus.
Entre le très mauvais Théo Fernandez (teneur du rôle titre) et le toujours aussi excessif Pierre-François Martin-Laval (qui force autant sur son jeu que sur sa mise en scène), en passant par les ridicules Arnaud Ducret et Jérôme Commandeur, on a rapidement l'impression de se trouver devant la version 5 ans du film Les P.R.O.F.S., lui même version gosses attardés de 10 ans des Sous Doués passent le bac.
Et si le comique grotesque pourra vous paraître forcé, la fidélité (toute relative dans sa qualité) à la BD de base rassurera quelque peu dans la forme le fan, ou simple amateur, du chef-d'oeuvre humoristique originel. Tous les éléments seront à peu présents, du look des acteurs aux animaux de Gaston.
Bourré de fan service pas souvent utile, il assure néanmoins quand à son côté adaptation, flattant les yeux d'une photographie bourrée de couleurs riches et pétantes, offrant un tout un côté cartoon rafraichissant. Même si ce n'est pas du grand art, au moins cela change-t-il de la daube visuelle que l'on a l'habitude de voir devant nos écrans.