Peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, Stingo, un jeune écrivain, arrive à Brooklyn en provenance du sud des États-Unis. Il y rencontre un couple composé de Sophie, une immigrante polonaise ayant souffert durant la guerre et Nathan, un juif imprévisible et peu à peu les trois sympathisent...
Si on peut d'abord regretter que cette adaptation du livre de William Styron, sorti trois ans avant le film, mette un peu trop de temps à démarrer, elle prend peu à peu tout son sens et devient réellement captivante dès que Sophie en dévoile un peu plus sur sa personne. Pakula commence par d'abord mettre en place le contexte où l'on découvre ce jeune écrivain arrivant à New York, puis le couple principal, qu'il introduit via une première scène assez tumultueuse et permettant de nous imprégner de leur mode de vie.
Sachant prendre son temps pour bien nous immerger aux côtés des personnages, le metteur en scène de Klute en dresse plusieurs portraits souvent ambigus et profonds, notamment pour Nathan, personnage instable et capable de passer de la plus violente des colères et à des moments les plus romantiques, mais surtout Sophie. Victime de l'horreur de la Seconde Guerre mondiale, elle doit vivre avec un passé difficile, secret et douloureux, tout en devant faire face aux changements d'humeur de Nathan. D'abord prévue pour Ursula Andress, c'est finalement Meryl Streep qui hérite de ce personnage et trouve par la même occasion un rôle sur mesure, le rendant bouleversant. Une performance qui justifie son oscar, son second après Kramer contre Kramer et, en face d'elle, Kevin Kline et Peter MacNicol s'en sortent à merveille.
Le Choix de Sophie bénéficie surtout de la bonne mise en scène de Pakula, ce dernier mettant en place une atmosphère pesante et assez lourde, évitant de peu l'académisme, et mettant aussi en avant quelques moments parfois plus lyriques, sachant nous immerger dans l'époque décrite. Il use bien des flash-back sans jamais casser le rythme, tandis qu'il sait prendre son temps lorsqu'il le faut pour en faire ressortir l'émotion. D'une sobriété exemplaire, Pakula retranscrit plutôt bien la complexité et la richesse du récit, il trouve le ton juste entre le romantisme et l'évocation de l'Holocauste, ce qui donne aussi à réfléchir sur certains points. Il ne tombe pas dans un excès de bons sentiments et dans le même temps, il met bien en avant la dramaturgie du récit ainsi que la dureté de la vie de Sophie.
C'est avec justesse, émotion et intelligence que Pakula adapte Le Choix de Sophie, malgré quelques rares maladresses, retranscrivant plutôt bien la complexité du récit, tout en étant servi par d'excellents comédiens.