La Cité muette, c’est l’histoire de la cité de la Muette à Drancy, vaste ensemble HBM construit au début des années 1930 et non achevé en 1939, date à laquelle les allemands qui ont repéré le bâtiment en U , le réquisitionnent pour le transformer en camp d’internement…les miradors furent construits à chaque angle, le camp entouré de fil de fer barbelé, les tours attenantes transformées en logement des gendarmes chargés de la garde du camp… au début, le camp est un camp d’internement des juifs hommes, raflés en aout 1941…le camp est d’abord sous administration française, loin d’être la moins sévère, le régime alimentaire conduisant à la famine et aux épidémies. A partir de 1942, et la systématisation des rafles, le camp devient camp de transit derrière étape avant Auschwitz et repasse sous le contrôle direct des SS. Le camp fonctionnera jusqu’au dernier convoi d’aout 1944….en 1947, le camp revient à sa destination première, un ensemble d’habitations bon marché, où sont logés personnes modestes parfois sorties de la rue, anciens internés de Ville Evrard , le plus important centre psychiatrique de la région parisienne….l’histoire pèse sur ces murs, tout juste ripolinés depuis, les fantômes des déportés hantent ces blocs …pas facile pour certains d’y habiter, quelques trop rares habitants en témoignent mais pas un jeune… quelle conscience des lieux peuvent-ils avoir ? Pour une locataire âgée, le petit jeune du premier ne veut pas croire à cette histoire de camp !! …malgré tout, la cité représente 40000 m2, difficile d’en faire un musée et en 1947, l’urgence du relogement a prévalu…le film retrace l’histoire de la citée dans un format très télévisuel, alternance de photos d’archives, témoignages d’historiens, témoignages bouleversants de rescapés ou d’enfants de déportés, commémorations du soixante-dixième anniversaire, au milieu d’une vie quotidienne qui a repris son cours…une histoire longtemps enfouie car une histoire trop française…combien de gendarmes complices et même zélés, pour un seul reconnu juste parmi les justes…mais révoqué et jamais réintégré…dommage que la réalisatrice Sabrina Van Tassel ne commente pas l’immense sculpture du mémorial, œuvre de Shelomo Selinger, rescapé des camps de la mort et qui a retrouvé son identité dans la sculpture et le dessin… un document bouleversant qui a sa place à la télévision…car nous n’étions que quatre dans la salle !!!!