Un beau film à découvrir de Orelsan même pour ceux qui ne sont pas amateur de rap. Car c’est un film plein d’humanité et de fraternité, plein d’humour aussi, et très bien réalisé. Je connaissais Orelsan et Gringe pour leur sketches « Bloqués » sur Canal , mais pas pour leur musique. L’histoire est celle de deux « loosers », enfants paumés d’une banlieue d’une petite ville de province ( Caen) , un peu désœuvrés , glandeurs , représentatif d’une certaine jeunesse, ils rêvent de s’éclater et de percer dans le Rap. Mais ils arrivent à la trentaine et rien n’a aboutit. Aurel est vielleur de nuit dans un petit hôtel ,et Gringe glande car il trouve le travail (le taf) trop relou. Ils avaient connus un succès d’estime , il y a 10 ans grâce à un passage sur une radio FM local, et un « fight » remarqué,mais depuis ils n’ont pas été capable d’écrire un seul morceau de musique en 10 ans .Les producteurs qui les avaient pris dans leur écurie sont fatigués d’attendre, et leur donnent un ultimatum : un dernier délai de 24 heures, pour écrire un morceau, sinon ils leur couperont toutes les ressources ( studio d’enregistrement , matériel, financement) .Nous allons assister à la galère de nos deux héros sur 24 heures chrono. Ils vont rencontrer des personnages incongrus, et vont essayer de trouver l’inspiration pour composer. Orelsan nous dresse une galerie de portraits très attachants, et il démontre un vrai talent de directeur d’acteur qui aime ses personnages. Le propriétaire de l’ hôtel où il bosse ( un sosie de Daniel Prévost en plus petit ) est excellent , Paul Minthe ,tout en méchanceté cynique , sympathique mais bête, un peu beauf, du vrai Prévost de 1ere classe. Il y a aussi la mamie de Aurel formidable, (c’est d’ailleurs la vraie mamie d’Orelsan) dans une petite scène où elle vient retrouver son petit- fils au studio d’enregistrement, et chante à cappella une belle chanson ancienne que Aurel se met a sampler. C’est très touchant et émouvant. Les deux copines des héros jouent aussi très justes. Elles sont plus matures que les deux compères, et voudrait une relation plus classique, mais c’est pas gagné et au final ce n’est pas sûr que les deux lascars soient déjà prêt pour une relation stable .Tous les petits rôles des copains et copines de la bande sont très soignés. On trouve aussi l’humour décalé de Canal, avec des vannes vraiment efficaces : i.e. l’un des deux producteurs d’ Aurel est un gros Black, habillé flashy, avec bracelets en or et grosse montres en or, et Aurel lance « les Blacks , avec des grosses chaînes , n’ont jamais aimé être mené en bateau » . Des vannes fusent toutes les 3 minutes, très efficaces. Il y a une dizaine de chansons dans le film qui font parties du dernier Album. Je ne les connaissais pas. Le rap a maintenant pénétré la société, et des artistes « plus commerciaux » comme Black M, Maître Gims ou Soprano sont connus d’un public plus large. La musique d’Orelsan est à un niveau un peu plus pointue mais néanmoins accessible, et bons nombres de chansons du film sont vraiment très réussies. Un film rempli d’humanité, qui se veut aussi porteur d’espoir pour la jeune génération : il faut croire en ses rêves et s’y accrocher, sans se laisser annihiler par le quotidien, et cela tout en gardant ses valeurs d’amitié, d’ authenticité ( on est pas dans le rap Bling/bling) . Ce n’est pas un appel au combat, mais plutôt un encouragement à ne pas abandonner.