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Emmanuel Cockpit
60 abonnés
914 critiques
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5,0
Publiée le 3 octobre 2023
Les réalisations intimistes d’Hirokasu Kore-eda portent des émotions rares qu’il met en couleurs avec ses recettes d’humanité. Ses personnages fragiles nous livrent leurs douleurs de manière poignante. Avec ses autres films portant sur la famille (Tel père, tel fils, Une affaire de famille), le metteur en scène confirme qu’il sait toucher comme personne tous les recoins de notre cœur et de notre âme, distiller les évènements du quotidien avec délicatesse sur des sujets qui nous touchent.
J'aime beaucoup le cinéma de Kore-eda, qui est sans doute mon cinéaste japonais contemporain préféré. Et j'ai retrouvé dans ce ravissant "Notre Petite Sœur" tout ce qui m'enchante chez Kore-eda : sa sensibilité lorsqu'il peint ces portraits complexes de familles, et de femmes en particulier, sa mise en scène suprêmement élégante, toujours juste, toujours à bonne distance, toujours dans le bon rythme, qu'il s'agisse de filmer des visages comme des paysages, ou des paysages comme des visages, son attention toute en légèreté aux détails de la vie, qui fait entrer ses films en résonance avec ceux d'Ozu ou de Naruse (une évidence qu'il faut rappeler, me semble-t-il…). "Notre Petite Sœur" est un film où il fait bon séjourner pendant deux heures, en compagnie de ces quatre jeunes femmes / filles ravissantes, avec lesquelles on rit, on cuisine et on boit et on mange (beaucoup, c'est l'un des immenses charmes du film), on vit tant bien que mal au milieu d'un monde pas si chaleureux que ça, entre mères dysfonctionnelles, père inconstant, amants peu fiables et maladie qui guette. Pourtant, "Notre Petite Sœur" n'atteint pas la grandeur des meilleurs Kore-eda ("Nobody Knows", "Still Walking" par exemple) parce que son histoire, très ténue, adaptée semble-t-il d'un manga pour jeunes filles ("Kamakura Diary") semble justement un peu trop protéger cette famille reconstituée, dont on sent très vite que rien ne peut vraiment lui arriver, comme si la tendresse et la compréhension mutuelle constituaient ce rempart absolu contre le mal. Cette illusion bienveillante est bien entendu le cadeau que Kore-eda a voulu nous offrir : quel dommage que notre besoin de drame nous rende cette générosité un peu frustrante !
Le regard tendre, généreux et délicat de Kore-Eda sur cette fratrie qui s'agrandit, est emportée par une fluidité lumineuse, une grave légèreté et une douce mélancolie envoûtante, qui nous parle du temps qui passe, de la vie, en évoquant des pruniers et des cerisiers en fleurs. Un film d'une grande bienveillance et d'une incroyable empathie. Presque mièvre parfois, mais ça fait du bien tant cela est devenu rare.
Trois sœurs vivant ensemble dans une grande maison de famille vont voir leur quotidien bouleversé par le décès d’un père avec lequel elles ont perdus contact depuis 15 ans. Ce père a eu une fille qui vit maintenant avec sa belle-mère, sa mère étant décédée. Le trio décide de l’accueillir, ce sera maintenant un quatuor de sœurs. Kore Eda explore à nouveau ici à la manière d’un aquarelliste ce qui fait famille… Et toujours en se positionnant après la tempête. Kore Eda toujours aussi subtil, sans grandes embardées tragiques, propose beaucoup de sérénité, de délicatesse, de sensibilité fine dans ses films… et plus particulièrement dans celui-ci. Et pourquoi ? Car il élève au rang de chef d’œuvre la banalité et les petits riens qui font une vie. Ce film est un anti blockbuster clinquant, il affiche du non sensationnel… même dans les oppositions et les pseudos conflits. Mais il sait donner envie de vivre au milieu des gens qu’il nous présente. Malgré un fort ancrage dans la culture nippone, ses films parlent à l’humanité. Qui mieux que lui filme aussi bien les fines variations d’expression de ses personnages ; car au-delà d’un metteur en scène de grand talent, il est aussi un formidable directeur d’acteur. Mais c’est bien dommage car malgré une grande fluidité du récit et une atmosphère d’une rare douceur et intelligence, Kore Eda loupe tous les enjeux forts qu’amenait un tel pitch. L’arrivée de la jeune fille avec son histoire particulière devait faire raviver les tensions muettes jusqu’alors. Mais il effleure seulement les enjeux d’une telle situation. Les fans de Kore Eda prendront beaucoup de plaisir tout comme moi… les autres diront « joli, fin ; mais tout çà pour çà ». Dans le Journal du Dimanche, Stéphanie Belpêche : « Le récit, redondant, dépeint avec régularité des scènes du quotidien sans pour autant faire évoluer ses héroïnes, toujours bienveillantes les unes envers les autres. Un monde un peu trop parfait pour être crédible ». Pas faux… mais quand on aime on est prêt à faire ce sacrifice.
Déçu par ce nouveau Kore-Eda. Bien que la réalisation et l'interprétation soient sans défauts, le scénario manque considérablement de coups de théâtre et d'envolées dans l'émotion. Autrement dit, il ne se passe pas grand chose pour ne pas dire rien dans le portrait de ces frangines...
Opus assez symptomatique du cinéma de Kore-eda. Comme souvent, la sensibilité indéniable du réalisateur trouve un écho difficile dans un scénario trop laborieux et qui se cherche sans jamais vraiment se trouver. Malgré quelques axes intéressants, mais pas toujours très bien exploités, la progression dramatique est quasi inexistante ce qui est d'autant plus dur à supporter que le récit traine en longueur. Malgré tout, comme d'habitude avec le nippon, la très bonne interprétation de l'ensemble du casting et le visuel sans défaut, permettent de sauver les meubles.
Notre petite sœur" aborde la notion de famille ou ce qu'il en reste parmi ces trois sœurs qui recueillent leur demi-sœur Suzu, inconnue et plus jeune après le décès de leur père commun... Après le puissant et magnifique "Tel père, tel Fils", ce dernier film prend un tournant autrement plus sentimental et nostalgique.Notre petite sœur est une jolie élégie au bonheur avec ces trois jeunes filles qui forment une famille et n'hésitent pas à accueillir à bras ouverts une nouvelle venue. Le film touche par sa délicatesse et son amour des personnages sans toutefois se défiler devant des questions essentielles sur la reconstruction d'une famille et sur les cassures qui semblent définitives. C'est donc dans les moments les plus graves que le film parvient à véritablement s’élever, quand il fait confronter des vérités douloureuses qui disent beaucoup sur la difficulté à consolider une entente familiale. Le film recèle de beaux moments d'émotions et d'humanité, même si il est peut être parfois un peu mièvre, avec des personnages certes attachants mais sans grand reliefs, ce qui enlève au film sa force tragique, c'est dommage.
4 517 abonnés
18 103 critiques
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1,5
Publiée le 24 septembre 2020
Notre petite soeur est ennuyeux mais ennuyeux a mourir. Je vois beaucoup de films étrangers et c'est l'un des pires films non anglais que j'ai jamais vus. Oh bien sûr nous pouvons continuer encore et encore sur la réalisation, le jeu d'acteur en bois qui sur jouent comme d'habitude et toutes sortes de détails techniques. Mais au cœur du film l'histoire elle-même est mauvaise. Une fille vient donc vivre avec ses trois autres sœurs après la mort de son père. C'est suffisant mais allez quelque part avec cette histoire. Littéralement les choses les plus banales se produisent tout au long du film. Il n'y a pas de drame, pas de tension il n'y a absolument rien. Au moins il donnait une belle apparence au Japon. Ce film est banal et sans aucune sorte de narration...
Un très beau film, qui va à l'essentiel, d'une justesse et d'une sensibilité qui sont la marque du cinéaste. Certains reprochent une certaine mièvrerie, un manque d'aspérité dans ce récit familial où les conflits sont rares. Pourtant, la richesse des personnages et la qualité des interprètes captivent le spectateur dès le début et créent souvent une grande émotion (la dernière scène de funérailles).
Nos émotions avaient déjà vibré avec l'excellent Tel père, tel fils et le réalisateur Hirozaku Kore-Eda explore maintenant les relations mère/fille en adaptant le manga d'Akimi Yoshida. On découvre ainsi une famille japonaise atypique composée de sœurs toutes plus attachantes les unes que les autres. Toutes les actrices se montrent formidables mais on a particulièrement envie de faire ressortir la fabuleuse Suzu Hirose. Notre petite sœur donne des envies de déguster une tartine aux alevins, d'enfourcher son vélo pour traverser le tunnel des cerisiers bref de partager des plaisirs simples. Après tant d'éloges, vous comprendrez qu'il s'agit-là d'un beau Coup de cœur Ciné2909 !
Je m'attendais à un scénario avec davantage de rebondissements et il est vrai que j'ai donc parfois un peu décroché... Mais cela reste un film sympathique, qui apporte de la fraîcheur, une vision un peu nouvelle de la société japonaise, avec humour. Cela ne procure pas d'émotions fortes, ne cherche pas à exagérer ou mettre en spectacle. C'est simplement agréable. Et c'est déjà beaucoup.
Tout ici n'est que calme , sagesse et délicatesse ; que ce soit des moments de joie ou de tristesse le cinéma " familial " de Kore - Eda est toujours autant empreint de tendresse et même si parfois la succession de scène manque de lien , on reste ébahi par tant de beauté et de grâce
Film qui prend son temps. On s'ennuie un peu devant tous ces beaux sentiments étalés tout du long. Il y a même la musique qui rappelle La Petite Maison dans la prairie.... spoiler: Voilà donc 3 sœurs qui apprennent à l'enterrement de leur père qu'il y en a une quatrième et les 3, encore un peu enfants mais jeunes adultes cherchent à rattraper le temps en invitant l'ado à vivre avec elles. . C'est de l'amour tout du long et si poussé que ça en devient faux, peu plausible. 3,4/5 pour les jolis acteurs à l'écran.
Un excellent film. Sans doute parce qu'on peut le lire à plusieurs niveaux. L'histoire d'une fratrie de soeurs, soudées les unes aux autres par le flot de la vie. L'histoire d'une adoption, celle d'une quatrième soeur, adolescente, par les trois plus grandes. L'histoire d'une famille ordinaire au Japon, avec son lot discret d'exotisme (les repas, les décors, les habitations, les coutumes etc.). Et l'histoire de l'universalité de la condition humaine, car ce qui arrive à ce quatuor de soeurs là-bas, au bout du monde, dans ce Japon à la fois moderne et ancré dans la tradition, pourrait arriver à n'importe qui dans n'importe quel autre pays du monde. Les émotions, les sentiments, les épreuves, les dilemmes, les hésitations, l'affection sont les mêmes. Seule l'héritage culturel que nous portons, celui de nos civilisations, teinte la façon dont nous gérons tout cela. Et j'oubliais : c'est aussi l'histoire du bonheur, celui, solide, que l'on trouve dans les actes de tous les jours, dans les petites choses du quotidien (un sourire, une petite victoire, une discussion intéressante, l'amour d'une soeur etc.). Et ce bonheur là n'est pas le propre des Japonais, mais de tous. C'est ce que rappelle magnifiquement ce film d'une très grande délicatesse.