(...) Alors, quoi, c'est tant la honte de faire un remake ? Perso, je n'ai rien contre car on obtient parfois de bons résultats si tant est que chacun adapte le film à sa propre culture (les USA ne sont pas les seuls à le faire et on compte pléthore de remakes dans les autres pays). Si l'intérêt est parfois limité, la tendance à le faire sans l'assumer est nouvelle et malhonnête selon moi. Alors oui, les scénaristes de "The Sweeney" sont bien crédités au générique (qui arrive à la fin du film, autre malhonnêteté) mais pas le film et pour moi, c'est impardonnable. Et le film en lui-même alors, est-il mieux ou moins bien que son pendant british ? Si Rocher ne s'est pas trop foulé et a pompé des séquences entières, aussi bien dans le scénario que dans le découpage mais aussi le look et les lumières, il se démarque en versant plus clairement vers la comédie, là où "The Sweeney" restait très sombre et presque désespéré. Peu de changements donc (j'ai regardé les deux films avec ma conjointe sans lui dire que c'était un remake et elle s'en est aperçu au bout de 10 minutes) si ce n'est le dernier tiers du film qui prend quelques distances avec son modèle et j'ai bien aimé le fait de voir le groupe rester plus présent dans le film dans la version française, ce que je regrettais un peu dans le film de Love. Le rythme est énergique, les plans sont soignés, les dialogues sont bien écrits et les acteurs sont bons, y compris certains sur lesquels je n'aurais pas misé un nickel comme Thierry Neuvic. Enfin, si, une grosse déception : Jean Reno. Et pourtant, j'adore l'acteur mais il faut se rendre à l'évidence, le bonhomme fait son âge. Ses 67 ans se font clairement ressentir dans les scènes d'action qu'il peine à porter sur ses épaules et, vu qu'il doit se battre et tenir des armes, la supercherie ne dure guère. Voir ce papy tenir son arme comme une canne fait mal au cœur et gâche le plaisir immédiat des scènes en question (bien faites par ailleurs, avec un découpage lisible, bénéficiant d'un grand soin de reconstitution au niveau sonore). J'ai eu l'impression de revoir Schwarzy dans "Le dernier rempart" de Kim Jee-Won qui s'était heurté au même écueil et Rocher n'arrive pas à passer outre non plus. Si son jeu et sa voix font toujours l'affaire, il apparaît clairement limité dans le reste du film et se fait régulièrement voler la vedette par Lenoir. Sinon, le film lorgne clairement du côté de "Heat", référence incontournable et probablement indépassable du genre, mais le manque de moyens, bien camouflé par l'énergie du film et certains plans de haute volée comme les spectaculaires vues aériennes ou l'abondance de plans en extérieurs, est rédhibitoire. En définitive, j'ai passé un bon moment, tout de même gâché par le fait de connaître l'intrigue avant de voir le film, et si les répliques font mouche, que la mise en scène est réussie et que les acteurs régalent la plupart du temps, ça reste un divertissement mineur, plombé par un scénario qui rate complètement la partie enquête et qui se révèle bien trop léger pour rassasier complètement. La critique complète ici