Mean Streets fait partie de ces premières péloches de grands réalisateurs qui arrivent pourtant à résumer parfaitement tout le style du réalisateur novice. Mais alors qu'un premier film comme Reservoir Dogs, premier film (officiel (puisque le tout premier a été partiellement brûlé et n'a jamais été sorti en salles)) de Tarantino (oui, on change aussi totalement de style mais ce n'est qu'un autre exemple) arrive à s'inscrire comme une des très bonnes oeuvres du réalisateur, ce n'est pas le cas de Mean Streets, et ce même si le résultat est un plutôt bon film dans lequel on retrouve bien évidemment, comme je viens de vous le dire, tout un esprit Scorsesien dans son style des débuts, très expérimental dans sa manière de plutôt filmer des sentiments qu'une histoire. Le problème est qu'après avoir vu Taxi Driver, qui fonctionne un peu de la même façon (on ne peut clairement pas dire par exemple que c'est un film qui repose en entier sur son scénario) et en plus avec son acteur favori de l'époque, Robert De Niro, aujourd'hui remplacé par Leonardo DiCaprio, on peut dire que ce Mean Streets manque d'un peu de... Quelque chose, quelque chose qui aurait propulsé le film, peut-être une ambiance, qui est ici mis en valeur par une bande-originale très variante qui n'arrive pas vraiment à se trouver une véritable personnalité alors que Taxi Driver, qui s'en éloigne, reste ancré dans un même univers tout le long. De même, on peut dire que si Robert De Niro et Harvey Keitel sont absolument parfaits dans leur rôles, on regrette de en pas voir plus souvent à l'écran De Niro dans le rôle pourtant plutôt central (puisque dans presque tout le film on arrête pas d'en parler) de Johnny The Boy, adulte rebelle, immature et totalement cinglé, jouant avec le feu tout en prenant la peine de prendre le plus de risques possibles de se brûler. De ce côté-la, autant dire tout de même que l'amitié entre Harvey Keitel, alias Charlie, religieux honnête et beaucoup plus social, et Johnny, le thème central du film, est véritablement réussie et arrive à nous transporter dans ce film qui n'arrive pas à choisir sa voie entre Drame, film de gangster ou autre chose, se terminant sur une issue tragique, attendue mais coupant court le regard du spectateur envers l'évolution des personnages pourtant bien calibrée, et Martin Scorsese prouve d'ailleurs là un talent dans les explosions de violence, qu'il exploitera de très nombreuses fois dans la suite de sa grande et fastueuse filmographie. Mais bref, pour une fois je ne vais pas faire un roman sur ce film et autant dire que le principal défaut de Mean Streets, c'est que quand Martin Scorsese a normalement ce talent pour inscrire ses films et des figures icôniques dans les mémoires des spectateurs, ici on parvient facilement à oublier un film néammoins très très sympathique, surtout pour un premier film. Conclusion : Je ne le démentis pas, il y a un style, un bon style qui introduit d'une très bonne façon cet excellent cinéaste pour tous ceux qui veulent le découvrir (si vous n'avez déjà pas vu un de ses nombreux films (que vous soyez cinéphiles ou public lambda, vous avez normalement très peu de chances d'en louper un)), ainsi que de très bons acteurs aussi à leurs débuts, mais disons qu'on a là un film soigné dans ses personnages et sa mise en scène mais malheureusement pas inoubliable et manquant de cette étincelle qu'arrive à atteindre souvent Scorsese. En reste un bon film dans une tendance expérimentale sur une amitié qui ira jusqu'au bout et qui peut tout détruire d'un coup.