Mark Wahlberg et Peter Berg, ça en devient une véritable histoire d’amour au cinéma. Bientôt aussi pérenne qu’a pu l’être celle de Leonardo Di Caprio et Martin Scorsese à notre époque, mais encore bien loin (en prestige et en nombre) de celle de John Wayne et John Ford qui détiennent le record avec 21 films ensemble. Cette petite digression terminée, le premier devant la caméra et le second derrière nous ont déjà offert les corrects « Deepwater » et « Traque à Boston », tous deux tirés d’histoires vraies, mais également l’excellent film de guerre « Du sang et des larmes ». « 22 miles » se situe plutôt dans la première catégorie. Pas qu’il soit tiré d’une histoire vraie, mais plutôt qu’il ne sera pas inoubliable. C’est un film d’action sympathique et distrayant, sans plus. Le principe de l’exfiltration d’un témoin dans un laps de temps et sur une distance donnée est une bonne idée, bien qu’on l’ait déjà vu traitée auparavant (on cite au hasard « 16 blocks » avec Bruce Willis, qui était loin d’être mémorable).
Ici, Peter Berg montre encore une fois sa maestria au niveau des scènes d’action qui pétaradent dans tous les coins de la caméra, comme en témoigne le niveau d’excellence de celles de « Du sang et des larmes » ou de son chef-d’œuvre « Le Royaume ». Il prend l’option guérilla urbaine comme angle d’attaque pour traiter son sujet. De ce choix découle du bon comme du mauvais, une qualité notable et un gros défaut. Commençons par la première. Le film se déroule à un rythme effréné (mais pas fatiguant) qui ne nous laisse aucune minute de répit. C’est court, les enjeux sont posés simplement et brièvement et un petit moment est donné à chaque personnage. Mais pas trop non plus car « 22 miles » prend la direction claire de l’action bourrin et pas du sentimentalisme, la psychologie des personnages étant donc très sommaire. Quant au second, c’est le peu de lisibilité des scènes d’action. Que ce soit les combats à main nues ou les fusillades, difficile de voir qui fait quoi ou qui est qui tellement le montage est épileptique. Étonnant de la part d’un réalisateur qui jusque là savait jongler avec un assemblage de plans très découpés mais une action tout de même perceptible par le spectateur. Cette avalanche de plans sous amphétamines rend le long-métrage parfois pénible dans ce qu’il avait de plus intéressant ainsi que certaines scènes d’action décevantes (celle dans l’immeuble).
D’ailleurs, cette dernière ne ferait-elle pas référence à « The Raid » ? Car, en effet, au casting de « 22 miles » figure Iko Uwais, star de cette saga et professionnel des arts martiaux pour son premier film à l’international. On est assez étonné de voir que l’acteur et ses prouesses ne sont pas davantage mis en avant dans le long-métrage de Berg hormis un combat dantesque à l’ambassade. Il est décevant de constater que le réalisateur ne tire pas davantage profit des capacités de combat de son acteur, ce qui aurait pu être la véritable valeur ajoutée du film et ainsi le rendre plus original et impressionnant. On apprécie en revanche que soient dites certaines vérités dans les dialogues, des vérités sur la géopolitique mondiale et la résolution des conflits qui sont vraiment étonnantes pour un film hollywoodien. De la même manière, la fin est plutôt surprenante, elle tranche avec ce qu’on a l’habitude de voir en terme de conclusion et elle réserve une bonne grosse surprise. Sinon, si on ne veut pas se prendre la tête un samedi soir, c’est le type de bobine parfaite, classique mais rentre-dedans et distrayante comme il faut pour les amateurs d’action. On tire et ça explose assez souvent pour que jamais torpeur ne s’installe en essayant de ne pas être trop décérébré. C’est déjà pas mal !
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