Je ne suis vraiment pas intéressé par les tentatives de modernisation abusive, celles qui semblent conçues uniquement pour ne pas heurter la sensibilité d’un jeune public qui refuse de croire qu’il y eût un monde avant l’invention du Smartphone. Enfin, quand le ton est moderne mais que le contexte reste à peu près cohérent par rapport aux origines du personnage, comme dans le cas des ‘Sherlock Holmes’ de Guy Ritchie, je peux m’en accommoder et même trouver ça agréable. De toute façon, avec ce Robin des bois cuvée 2018, on est moins dans le modernisation que dans la portnawakisation la plus complète du personnage, un massacre en bonne et due forme qu’il serait judicieux d’effacer des annales officielles des apparitions au cinéma de Robin des bois. Pour commencer, le personnage est complètement pompé sur “Arrow�, celui de la série. Juste retour des choses, puisque Arrow n’était qu’une évolution moderne et urbaine de Robin. Il se goinfre également à tous les râteliers de la pop-culture récente puisqu’il escalade les murs comme dans Assassin’s creed et tire des flèches en rafales en cabriolant comme Légolas. Jusque là, je pouvais encore mettre ma mauvaise humeur sur le compte d’un problème générationnel : je serais trop vieux pour apprécier cette mise à jour, tout comme mes parents trouvaient certainement ‘Romeo Juliet’ blasphématoire...mais enfin, même en tenant compte de ce ciblage, il est difficile de ne pas se rendre compte que ce ‘Robin Hood’ est vraiment tout pourri. Rythmé sur le papier, le film accumule les séquences d’action brouillonnes et sans âme au service d’un scénario idiot et incohérent. Les acteurs ne sont pas à mettre en cause : Edgerton, Foxx et Mendelsohn ont tous eu des rôles dont ils se tiraient très bien mais ici, ils n’ont rien à jouer. Si le film avait fait preuve d’humour - d’un humour qui fonctionne, je veux dire - il aurait encore été envisageable de se rabattre sur la possibilité de le considérer comme une production popcorn décérébrée, qui ne se prend pas au sérieux un seul instant. Je peux comprendre que quand on tourne un film à moyen/gros budget aujourd’hui, on envisage de le diffuser partout sur la planète pour rentabiliser l’investissement et que donc, on tente de présenter une sorte de bouillie culturelle syncrétique pour qu’aucun spectateur d’aucune culture n’ait l’impression d’être négligé par ces organisations philanthropiques que sont les studios hollywoodiens. Ce n’est pas compliqué de procéder de la sorte dans le cas d’un film de super-héros ou d’un film de science-fiction. C’est carrément crétin dans le cas de quelque chose qui se déroule dans un contexte historique bien précis...et dans le cas plus particulier de ‘Robin des bois’, le résultat pique très fort les yeux. Non, Robin des bois, quand il était pépère au château de Locksley, ne portait pas des chemises à carreaux (d’arbalète ?). Non, le shérif ne portait pas non plus de veston en skaï. Non, Nottingham n’était ni un port, ni le centre de la chrétienté, ses maisons ne ressemblaient pas à des pagodes et les prêtres catholiques du 12ème siècle, pas à des bonzes. Et pendant les Croisades, qui ne ressemblaient pas à la bataille de Falloujah et où les arbalètes ne tiraient pas comme des mitrailleuses, on n’appelait pas son suzerain “Commandant�. Même en étant d’un naturel conciliant, il y a des limites à ce qu’on peut tolérer en terme d’anachronismes débile : faudrait quand même voir à ne pas pousser les Joyeux Compagnons dans les plantes à genêts...