La personne à côté de moi a dormi tout le long du film. C'était une vieille dame, et le film, assez doux, sans gros effets, prêtait effectivement au sommeil, surtout avec la chaleur de ce début juillet. Au début je me suis dit que c'était dommage, car je trouvais ces 3 contes très beaux, j'ai failli réveiller la dame. Mais en même temps, j'ai compris que le film était comme un rêve lui-même, avec des images et des textes qui nous invitent au songe. Peut-être que la vieille dame, dormait, et que la voix de Borges résonnait dans son (ses?) rêves. Cette expérience m'a fait voir toute l'étrangeté du film dans un drôle de sentiment, un surnaturel du quotidien. Tous les jours, on vit de petites choses fantastiques, qui nous font douter, qui font bouger des mondes dans notre esprit. Et les mots, les mondes de Borges, que j'ai lu il y a longtemps, revenaient comme ça, par petites touches. Je conseille à tout mes amis de courir voir ce film. Rien que pour l'image, et le son. Et les acteurs aussi. C'est complexe et dense, sans être lourd ; c'est rigoureux, tenu, sans être pompeux. C'est naïf, parfois, mais ce sont comme des retours à l'état d'enfance, ou de vieillesse - on ne sait pas, les temps sont mélangés. Et on entend le vent, comme rarement au cinéma. Ces petites choses fantastiques de tous les jours qu'on ne prend jamais la peine de s'émerveiller.