Bon, c'est pas tout jeune, c'est sûr, et ça a pas mal vieilli. Après, deux façons de juger le film : soit avec les yeux du cinéphile esthète, appréciant justement la mise en scène d'époque, l'action lente et l'économie de dialogues qui sont la marque du "Cercle rouge" ; soit avec les yeux du cinéphile 100 % ancré dans son temps, imperméable au côté vintage, amateur d'action percutante et de dialogues coups de poing. Affaire de goûts. Ici, les personnages sont plutôt du genre taiseux et la tension prend son temps. Sans effet spectaculaire, elle monte doucement en puissance, s'insinue dans un regard, une respiration. Polar noir et viril porté par une brochette d'acteurs mythiques, d'une sobriété élégante dans leurs rôles respectifs, ce 13e long-métrage de Melville mêle dans sa recette tous les ingrédients incontournables du genre dans les Seventies : truands, balances, sens de l'honneur, flics véreux... Et puis cette scène de hold-up, minutée au cordeau, une véritable démonstration. 25 minutes, pas un mot échangé,. Montand en chaussettes, Delon et Volonte concentrés, complices, hyperprofessionnels. Bourvil, à mille lieues des comédies d'Oury et des personnages de gentil Français moyen, campe le commissaire Mattei, fonctionnaire entièrement dévoué à son métier, appliqué, tenace, rusé. La fin prouvera qu'on ne lui apprend pas à faire la grimace...