Des "Valseuses" à "Mammuth", de Depardieu à Delepine et Kerven, du "Grand soir" à Poelvoord ce qui crée également un lien vers Dupontel nous, voilà plongés dans une filiation d'univers où se mêlent l'errance, la crise sociale, l'ennui, la morosité, le glauque, le sale, le noir et le génie.
Un road-trip, toujours à la limite du trash et de la tendresse. Une équipée de personnages un peu paumés sillonne la France et rencontre des personnages un peu paumés, eux aussi. Jeunesse qui doute, solitude, vide sexuel, vide affectif, ce n'est pas que glauque, c'est aussi une errance initiatique, autour du vin, où les solitudes se rencontrent et fabriquent une belle solidarité. Depardieu y apporte son envergure, profondément outre-passeur, il ira jusqu'au bout. Jean passe par-dessus la mort en appelant sa femme décédée au téléphone, par-dessus la vie avec trois assiettes de saucisses et une bouteille de rouge au petit-déjeuner. Tout cela pourrait être pesant, mais c'est beau.
Les 10 étapes de l'ivresse resteront un moment d'anthologie avec d'autres trésors qui illumine un film qui va au-delà de la simple zone sociale inutile, du glauque pour le glauque, que l'on nous sert parfois. Saint-Amour vaut mieux que ça. Depardieu et Poelvoord ont la carrure pour transcender le genre et entraîne avec eux le jeune Vincent Lacoste, qui prend peu à peu plus d'envergure et d'épaisseur.