Le salon de l’agriculture, la route des vins, une réconciliation entre un père fier et un fils alcoolique, les sujets abordés dans la dernière aventure cinématographique de Gustave Kervern et Benoît Delépine se combinent en un Road Trip de tous les excès. Parfois touchant, parfois hilarant, Saint Amour, du nom d’une bouteille de pinard engloutie quelque part sur la route, se caractérise surtout de par la volonté des deux cinéastes de poursuivre leurs carrières entre ultra-réalisme et loufoque, entre sincérité et grandes envolées grand-guignolesques. On apprécie, même si parfois, nous resterons pantois face aux choix narratifs clairement culottés qui nous sont offerts.
Saint-Amour, pour autant, vaut surtout de par l’association de deux comédiens parfaitement complémentaires, Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde, deux bêtes de somme ayant deux déjà œuvrer sous les ordres de deux cinéastes. Le film est aussi une très belle opportunité pour Vincent Lacoste, tout droit sorti de la Comédie française, de tenir tête à deux géants du cinéma hexagonale, en plein délire souvent imbibé. Les comédiens, en sommes, sont les pièces maîtresses de ce curieux long-métrage inclassable, ou l’on disserte sur les dix phases d’une cuite, vraie de vraie, ou l’on se chamaille et de réconcilie au rythme de rencontres euphoriques et improbables.
Du pur produit indépendant, du cinéma sans gênes et sans limites qui sied parfaitement à ses deux comédiens principaux, criant d’une certaine vérité parfois pas belle à voir. On retient donc sans peine cette parfaite complicité entre les personnages, cette belle liberté prise par les metteurs en scène, alternant les tons, les thématiques. Les amateurs du genre, ou plutôt les amateurs de deux réalisateurs, apprécieront sans le moindre doute. Pas sûr pour les autres, mais qu’importe. 12/20