Benoit Poelvoorde et Gérard Depardieu en tête d’affiche d’un long métrage ? L’idée était alléchante d’autant plus lorsque l’on sait que les deux hédonistes se lancent sur une route du vin hors du commun.. .Oui mais, c’était sans compter sur la vision (très) décallée de la vie des deux réalisateurs Benoît Delépine et Gustave Kervern. Le résultat est-il à la hauteur de l’idée que l’on s’en était faite ? Pas vraiment… et n’ayant pas peur des mots, le film est déconcertant voire décevant.
Benoît Delépine et Gustave Kervern conjuguent à nouveau leurs idées loufoques dans leur dernier long métrage « Saint Amour ». Après nous avoir proposé « Louise Michel » où une ouvrière veut éliminer son patron, « Mammuth », road-movie improbable porté par Gérard Depardieu ou encore « Le grand soir », où deux demi-frères, en quête d’identité font voler en éclats toutes leurs barrières, Ben et Gus se retrouvent pour le pire et pour.. le pire et organisent une rencontre détonante entre deux comédiens qu’ils affectionnent : Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu themselves ! Si vous connaissez un peu l’univers cinématographique de notre duo de scénaristes, vous vous doutez que leur dernier film sera à l’image de tous les autres… En effet ! Sauf qu’ici, on ne comprend toujours pas quelle était l’intention des auteurs. Autant les autres long-métrages avaient un but, une finalité atteinte après quelques égarements, ici, on se perd sur les sentiers de l’absurde et on ne retrouve jamais la grande route de la logique. On s’attendait à quelques chose d’hors norme et on a été servi, au point d’en être presque écoeuré.
Pourtant, le casting est incroyable et la performance des acteurs démontre que même une mauvaise histoire ne peut pas ternir leur talent, heureusement ! Benoît Poelvoorde en tête. Le comédien n’a plus à prouver qu’il sait tout jouer. Ici, il incarne un jeune agriculteur porté sur la bouteille, en mal d’amour et maladroit en matière de drague. Ses états d’ébriété et ses sautes d’humeur plus vrais que natures, ses déceptions amoureuses et ses sentiments décuplés nous offrent un spectacle délectable. Gérard Depardieu, monstre sacré du cinéma français, continue à s’investir dans des rôles incroyables et le fait avec brio ici aussi. Bien plus sobre que son pendant belge, Gégé est touchant ! Les deux réalisateurs ont même réussi à le rendre beau, bon et faire ressortir ce qu’on aime le plus chez lui, son authenticité. Amoureux de la terre et des gens qui la travaillent, l’acteur leur rend un bel hommage par ses valeurs justes et son humanité vraie.
Pour réaliser cette route des vins tant attendue, nos deux agricultures montent dans le taxi de Vincent Lacoste. Quelque peu décevant dans ce rôle, l’acteur a heureusement déjà prouvé à de nombreuses reprises (« Journal d’une femme de chambre », « Hippocrate », « Lolo ») qu’il pouvait nous offrir un bien meilleur spectacle. A la limite de la somnolence, l’acteur de 22 ans a déjà été plus éloquent.
Autre incrédulité de l’histoire, la rencontre de Vénus (Céline Sallette) qui viendra bouleverser la vie de nos trois gitans de l’amour… Et des rencontres, ils vont en faire nos rigolos, toutes les plus étonnantes les unes que les autres. Que ce soit Michel Houellebecq, Chiara Mastroianni, Ana Girardot, Izia Higelin, Solène Rigot ou encore… Ovidie, ils viendront tous ajouter un grain de sel (ou de folie) dans le périple de nos héros. On ne comprend pas toujours pourquoi mais prenons les choses comme elle viennent car il y a bien longtemps qu’on a arrêté de chercher de la saveur dans ce « Saint Amour » au goût de piquette.
Malgré la troupe hétéroclite de comédiens et la connivence qui les lie, le film ne décolle pas et ne nous fait jamais véritablement planer. Déconcertés du début à la fin par la tournure des événements, nous regrettons le manque de cohésion, de logique, la caricature faite de la population rurale, les gros clichés, l’humour borderline … On n’en attendait pas moins de Benoit « Michael Keal » Delépine mais quand même. Derrière un pitch sympathique, une affiche originale et une bande annonce plaisante, se cache un film presque inabouti, étriqué et lourd, très lourd.
Le road movie aurait pu être sympathique mais la route du scénario étant en très mauvais état, nous avons atterri à de (trop) nombreuses reprises dans des nids de poule dont il est difficile de sortir indemnes. Heureusement, Sébastien Tellier et sa bande (très) originale masquait parfois le bruit des chocs de cette route chaotique et nous offre un fil musical sympathique, sorte de mix la B.O du film « Que la fête commence » de Tavernier et du thème « Le bon, la brute et le truand » du grand Ennio Morricone. Finalement, c’est dépité que nous sommes restés sur le bas côté dans l’attente de voir un final pensé… ne jamais arriver.