Non loin de Mâcon, à l'extrémité nord du Beaujolais, est produit un vin rouge rubis, le Saint-Amour. Notons d'emblée, en dépit d'une affiche apparemment explicite, que ce nouveau "long" du duo Delépine/Kervern - leur n° 7 - n'épuise pas son sujet autour de la "dive bouteille" (d'ailleurs, le titre en est : "Saint Amour", sans le trait d'union du cru)....
Amour de la terre et des bêtes, de la "belle ouvrage" des paysans, amour de son prochain, amour paternel, amours....
Le "conte moral" affleure en permanence sous les oripeaux de la farce. "Jean" (Gérard Depardieu) embarque "Bruno" (Benoît Poelvoorde) son rejeton (grand quadra, très perturbé et nette tendance poivrot - il revendique 2.500 cuites..) dans une "route des vins" in situ (du Jura aux pays de Loire, en passant par le Minervois et le Bordelais..), histoire de le changer de sa triste routine de "périple immobile", de stand en stand au Salon de l'Agriculture, avec son compagnon de beuverie, "Thierry" (Gustave Kervern) - et de le convaincre de reprendre sa ferme du Morvan. Père et fils montent à bord du taxi du jeune "Mike" (Vincent Lacoste), qui sait rapidement se mettre à leur niveau de folie douce. Comme c'est un film DK, ce roadmovie enchaîne pour nos trois "héros" nombre de rencontres ... étonnantes (défilé de "guests" - en commençant par une séquence hilarante avec Michel Houellebecq, en tenancier de "chambre d'hôtes"). La rencontre décisive est avec "Vénus" (Céline Sallette) , dans sa thébaïde "branchée" du Bordelais - une jeune femme
tentant le tout pour le tout pour concevoir.
Si les saynètes flirtent un peu trop souvent (pour moi) avec l'humour "spécial" de l'univers "Groland", si la fin est un peu trop "morale branchouille"
(un bébé à venir et trois "pères" se préparant à sa venue)
, l'avant-dernière séquence (le retour au Salon pour le concours du "Plus beau taureau", auquel est inscrit Jean - et suites) est grandiose ! GD et BP, deux "habitués" du duo (3e film sous leur direction, pour l'un et l'autre) sont magnifiques (arrivant à faire oublier leur trop grande proximité par l'âge, qui rend sur le papier peu plausible d'en faire un père et son fils) - et VL est bien distribué, dans un rôle "tête-à-claques", qui lui va comme un gant.