Nora Sator, excellemment interprétée par Agathe Bonitzer, la fille du réalisateur , après une première expérience de la banque entre dans un cabinet de haute finance, spécialisé dans les fusions acquisitions…dirigé par deux associés que tout oppose, Barsac interprété pas Christophe Lambert, cynique à souhait, et Prévost Parédès, interprété par Pascal Greggory, apparemment plus désabusé… on suit le parcours d’une jeune ambitieuse, Rastignac en tailleur, impeccablement bien mise de sa personne, et facilement killeuse s’il le faut…le ton, l’ambiance, les décors sont froids comme il sied à une entreprise de ce type…la satire de ce milieu de la haute finance est impitoyable, les organigrammes changent presque à chaque réunion, et pour le plus carnassier du lot, Barsac, les projets sont faits pour être réalisés, les rêves pour être brisés…Nora découvre que ses patrons ont été par le passé condisciples de la même grande école avec son père et qu’un lourd contentieux subsiste entre eux…Le père de Nora , Serge a été un grand mathématicien qui vit dans un relatif échec , ce qui l’a rendu misanthrope et odieux…C’est du grand Bacri qui fait son Bacri, ronchon comme jamais !!! Une femme interprétée par Isabelle Huppert, Solveig, a plus ou moins arbitré entre les trois hommes, là aussi, c’est un personnage désabusé, noyant ses désillusions dans l’alcool… S’ajoutent à cette galerie de portraits, Maya, sœur et antithèse de Nora, interprétée par Julia Faure, chanteuse barmaid dans un établissement de nuit, vivante et pleine de désirs et Xavier, interprété par Vincent Lacoste , lui aussi consultant , d’extraction modeste , souhaitant réussir mais sans le cynisme nécessaire…Sept personnages principaux, tous remarquablement incarnés, plongés dans un scénario tentaculaire, dans des histoires qui s’entremêlent, et dont Pascal Bonitzer a pris un main plaisir à complexifier les arcanes…Néanmoins seul le personnage central, Nora, a retenu l’attention du réalisateur, les autres sont moins creusés…mais le film ne dure que 1h 38…il y a aussi une symbolique un peu obscure ( ce chien fantôme qui vient hanter le repos de Nora, les tendances vaudou de la femme de ménage des Barsac) , et par ailleurs l’histoire d’amour entre Nora et Xavier, trop vite traitée, peut être en contrepoint du caractère impitoyable de ce milieu de la haute finance, tombe un peu comme un cheveu sur la soupe…en conclusion, bien que le film joue sur trop de tableaux , je l’ai quand même préféré au précédent Bonitzer, Chercher Hortense vu en 2013…