Que dire ? Qu’écrire ? Que penser ?
Commencer ainsi ma réflexion n’est pas bon signe. « Annette » ne me laisse pas indifférent tant je ne sais pas si j’aime ou n’aime pas.
J’ai une petite idée quand même.
Sans doute le genre de film qu’il faut laisser longuement mûrir. Mais le temps manque et en ce moment après le COVID, nous voilà plongé dans une actualité russo-ukrainienne qui occupe aussi mon esprit.
« Tuer le temps » disait Henry McHenry à sa fille Annette.
L’homme ne tue pas le temps, c’est un leurre, c’est le temps qui nous tue petit à petit. Le temps finira par avoir raison de nous tous sur cette Terre !
C’est juste une question de temps !
Alors perdre son temps pour des films jugés de mon point de vue sans intérêt est un gaspillage qui fait mal au coeur.
En musique, plus particulièrement dans le Metal, on y trouve le Metal Symphonique lequel est qualifié de sous-genre du Heavy Metal, sans connotation insultante. Tout comme le Death Metal et Black Metal sont aussi issus du Heavy Metal.
Je reprends à mon compte l’analogie du Metal pour la comédie musicale, ça n’engage que moi.
Les toutes premières comédies musicales chantaient et dansaient mais aussi parlaient ! Puis, plus tard, on a décidé de ne plus parler, de chanter tout le temps comme l’indigeste « Les parapluies de Cherbourg », « Sweeny Todd », « Les Misérables », dernièrement « Cats ».
Aujourd’hui « Annette ».
Ça n’engage que moi.
Et ben moi, ce genre de comédie musicale où ça chante tout le temps, je la qualifie de sous-genre. Sans connotation insultante, mais je l’avoue avec une connotation de déconsidération.
« Passe-moi le beurre » en chantant, je n’en vois pas l’intérêt, cela confine au ridicule.
Certes, dans « Annette » Henry ne dit pas « passe-moi le beurre », mais « attends, le temps d’accrocher mon manteau et je monte », un truc comme ça.
Je m’attendais à faire une exception pour « Annette » parce que la musique était signée Les Sparks. Sans être fan, une musique pop rock psychédélique m’aurait réconcilié avec la comédie musicale sous-genre.
Ça commençait fort bien avec « So May We Start » et plan-séquence. Je percevais une bonne énergie. Puis assez vite, l’énergie se meut en chaussons charentais.
Je m’attendais à des morceaux musicaux tantôt relevés, tantôt épiques. Ben non, j’avais droit à des morceaux en tout petits morceaux. Quelques notes ici ou là. Des jingles ! Et quand ça durait, la musique m’indifférait tant je la trouvais soporifique. Evidemment, je retiens aussi « We love each other so much », pour le reste, rien ne m’est resté en bouche.
Quelle déception… ou pas puisque ce sous-genre est conforme à ce que j’attendais !
Quant au récit, Leos Carax s’inscrit dans l’ère #Metoo avec un pitch simple : un homme blanc fémicide. C’est tout !
Franchement, la violence de Henry McHenry m’a paru soudaine. Rien dans le comportement de Henry avec Ann ne me permettait de déceler un homme violent et tueur. Seuls des choeurs féminins nous mettent en garde. Après tout c’est comme dans la vraie vie, on s’étonne de l’impensable, on a du mal à croire à des racontars.
Cela dit, le film réserve de bons points.
En effet, toute cette déception est compensée par une mise en scène travaillée, par moments inspirée.
Et puis ce parti pris du personnage Annette, je l’ai trouvé audacieux. Rebutant au début puis assez vite accepté.
Indéniablement, « Annette » a les contours d’une tragédie que n’aurait pas renié un Shakespeare ou un Corneille ! Une tragédie moderne, une proposition de cinéma intéressante ; peu importe que le récit soit banal, c’est ce que l’on en fait et malheureusement, ce récit manque tragiquement d’émotion. Et chanter à tout bout de champ n'arrange rien !
A deux exceptions près, deux scènes qui ont flirté avec ma corde sensible : celle de l’introduction et
celle où Annette rend visite à son père en prison. Pour cette dernière, très surprenante avec une marionnette qui prend chair à partir du moment où elle refuse d’être manipulée.
Très bon jeu d’Adam Driver. Il s’en sort bien côté chant tout comme Marion Cotillard ; ce ne doit pas être évident de placer sa voix sur du Sparks.
Bref, j’ai ma petite idée : « Annette », je n’aime pas trop. Ce sous-genre de comédie musicale ramollit tout son potentiel.
Dommage.