Derniers Avis : Annette - Page 4

Léos Carax explore en virtuose de la mise en scène la descente aux enfers d’un humoriste mégalomane progressivement rejeté par son public tandis que la femme qu’il aime, cantatrice classique, connaît à l’inverse une popularité ascendante. Le déséquilibre croissant de leur couple va déclencher une suite d’actes irréparables dont Annette, enfant née de leur union (étrange poupée mécanique qui évoque irrésistiblement l’Olympia des Contes d’Hofmann) finira, en témoin et victime, par tirer la moralité.
Car c’est bien d’une fable qu’il s’agit sous la forme originale d’un opéra-rock filmé. Pas plus qu’on ne remarque les invraisemblances dans les intrigues alambiquées des opéras classiques, on ne s’attache ici à la cohérence du récit. Le décor en carton-pâte de certaines scènes, le recours à divers artifices théâtraux relevant de la féérie, l’omniprésence de la musique renvoient clairement à l’univers lyrique. En résumé, bien qu’un peu long et parfois inégal, le film de Carax est une œuvre profondément originale.

Les critiques sur ce site sont nombreuses disant que Annette est une coquille vide, un film formellement splendide et un spectacle inhabituel, mais sans propos ou sujet de réflexion. Naturellement, vous vous doutez qu'avec ma note, je ne pense pas que ce soit le cas. Cette critique tentera donc de dégager ce qui est, selon moi, le propos principal du film.

Tout d'abord, je ne considère pas qu'Annette soit une comédie musicale, mais, au contraire, une tragédie musicale. De l'ouverture (géniale) qui revisite le choeur antique et sous-entend que toute l'histoire est déjà écrite à l'avance (ce qui est le cas), au final déchirant (l'une des scènes de film qui m'a fait le plus pleurer de ma vie), Annette déploie un langage visuel et un scénario ouvertement inspirés des tragédies grecques. Plus largement, Leos Carax fait maintes fois référence au théâtre, jusque dans les décors factices et avec cette étrange et magnifique poupée/marionnette (sûrement la plus belle idée d'un film qui en regorge).
Le film est également construit comme un opéra. La musique est omniprésente (la bande-originale du film, composée par les Sparks, est une véritable merveille), de nombreux dialogues sont chantés, et le personnage de Marion Cotillard est d'ailleurs une chanteuse d'opéra.
De cette ode à ces arts du spectacle que sont le théâtre et l'opéra, Carax va faire, pendant tout le film, une ode à toutes les formes de spectacle contemporaines, souvent teintée d'ironie et de moquerie. Le stand-up, la télévision, la presse people et les médias en général, l'opinion publique, les concerts réunissant des milliers de personne... Le kitsch assumé de la mise en scène (qui culmine justement dans la scène de concert) est à la fois une manière de critiquer et de rendre hommage à toutes ces formes de spectacle, d'en dénoncer l'hypocrisie, le cynisme (le personnage d'Adam Driver est le meilleur exemple), la violence ( spoiler: scène de lynchage médiatique
), et surtout la superficialité, mais aussi d'en louer le pouvoir de fascination sur le public, toute l'émotion et la complexité qu'elle peut véhiculer.
A travers cette ode au spectacle en général, c'est donc finalement une ode au spectacle cinématographique qui est proposée ici. Le film déborde d'inventivité et d'amour pour le spectacle en général et pour le cinéma en particulier. C'est sans aucun doute le film le plus cinématographique que j'ai vu en 2022, alors même que c'est un opéra et une tragédie antique. La mise en scène de Leos Carax est fabuleuse, et d'autant meilleure qu'elle met en valeur tous les autres aspects de la création du film. La musique, la photographie, les décors, les costumes, les effets spéciaux, le montage, le mixage et j'en passe... Tous ces professionnels ont délivré un travail monstre, et la réalisation le souligne constamment. C'est avant tout l'aspect collectif du cinéma qui est mis en avant, et le générique de fin le montre très bien.
Quant aux acteurs, si Marion Cotillard délivre une prestation acceptable mais non inoubliable, Adam Driver (que j'avais découvert dans la mauvaise postlogie Star Wars, où il ne m'avait pas convaincu) est absolument excellent, alors même qu'il ne joue presque pas. Sa présence sombre et magnétique nous happe constamment, nous trouble, et nous permet de projeter sur lui toutes les gammes d'émotion, alors même qu'on est alternativement troublés, effrayés, indignés ou touchés par ce personnage magnifique qui ne peut exister que grâce à la prestation de Driver. Simon Hellberg est également excellent et la jeune Devyn McDowell, si elle n'apparaît qu'à la fin, emporte toutes les digues émotionnelles du spectateur par sa voix et sa présence.

En conclusion, Annette est l'un des plus beaux, des plus spectaculaires (dans tous les sens du terme) et des plus "cinématographiques" des films de 2021, un film d'autant plus beau et nécessaire (et important pour moi) qu'il est sorti juste après les vagues de confinement, à la réouverture des salles. Je comprends qu'il puisse désarçonner ou repousser par son côté kitsch, mais c'est pour moi le meilleur film de 2021, l'une des séances de cinéma les plus puissantes que j'ai vécu de ma vie et l'un de mes films préférés de tous les temps.

J'ai vu un film... et quel film... Quel immense film que cette œuvre incroyable de Leos Carax... Quelle ambition, quelle puissance, quelle qualité... C'est un film total porté par un Adam Driver protéiforme, qui nous montre des facettes de son talent incroyable ! Il compose un personnage magnifique (malgré un physique que j'ai toujours du mal à qualifier)... Et que dire de Marion Cotillard ? J'ai quelques réticences sur ces rôles... mais il faut admettre qu'ici, elle est touchante. Ce film est d'un lyrisme exceptionnel. Chaque séquence est constitué comme un tableau, avec un cadrage, une profondeur de champ, et une composition incroyable... La mise en scène, la narration, le jeu des acteurs en fait une très grande œuvre... et ces musiques, ces chansons, cette orchestration... wahou... Un véritable opéra rock, une chorégraphie fine, une comédie musicale époustouflante où quasiment tout est chanté, avec peu de dialogues... Et quelles idées originales qui, bien que troublantes, finissent par remporter la mise... A voir...

Quel rôle passif et fade a joué Marion Cotillard, la pauvre ! Sans la personnalité (et le physique ^^) d'Adam Driver, je serais partie bien avant. La fille rattrape un peu cette inégalité à la fin, mais c'est peanuts. L'histoire peut se résumer en deux phrases, spoiler: mari violent, enfant illégitime, vengeance
, et elle est étalée comme une mauvaise confiture sur plus de deux heures. OK la scène de la fin est, hourra, moins fade, mais, si c'est une stratégie pour éviter les mauvaises critiques, ça ne marche pas à tous les coups.

Marion Cotillard est excellente dans ce film étrange et envoûtant. Du très bon Léo Carrax, trop rare à l'écran

Aujourd’hui, parlons du film qui a reçu le prix de la mise en scène à Cannes 2021, mais qui a aussi raflé le plus de récompenses lors des Césars 2022 (contrairement à « Bac Nord » qui n’a rien eu du tout), à savoir la magnifique comédie musicale à la fois poétique, romantique, dramatique et rock n’roll sur les bords, « Annette » de Léos Carax.
« Annette » nous présente l’histoire d’un couple formé par Henry McHenry qui est comédien et Ann Defrasnoux qui est cantatrice. Tout va bien pour eux jusqu’à ce qu’ils accueillent une petite fille nommée Annette, qui va bouleverser leur vie…
Déjà précisons que c’est un film très spécial (bon, c’est du Léos Carax donc c’est normal), qui ne plaira pas forcément à tout le monde, mais qui se révèle être intéressant si l’on veut voir de la nouveauté dans le cinéma Français. Le scénario est original et écrit par Ron et Russel Mael du groupe « Sparks », le jeu d’acteurs est magnifique, et le format comédie musicale marche bien.

Marion Cotillard se révèle être une superbe chanteuse et joue différentes émotions magnifiquement bien, mais c’est surtout la performance d’Adam Driver, qui sort enfin du personnage de Kylo Ren dans « Star Wars », que l’on retient à la fin du film ; Simon Helberg est très correct aussi, et la petite Devyn McDowell s’en sort parfaitement dans le rôle d’Annette.

Le film est plein de messages et de sous-entendus qui vous font réfléchir même au-delà du visionnage : SPOILERS Le fait qu’Annette soit une marionnette pour symboliser la façon dont ses parents la considèrent, donc un jouet manipulable ; les violences faites aux femmes sont légèrement évoquées ; le sentiment de culpabilité symbolisé par la tache rouge qui grandit dans le cou d’Henry ; et aussi l’amitié, l’amour et la place d’un enfant dans un couple FIN DES SPOILERS.


Concernant les effets spéciaux, ils sont efficaces sans plus (je pense à la scène de la tempête en mer que je ne trouve pas belle du tout), la lumière passe du rouge au vert avec une teinte de bleu ce qui fait ressortir les émotions des personnages (rouge pour la colère, bleu pour la tristesse etc., etc…), et la musique est excellente.

Mais je dois avouer que vers les 25 dernières minutes je me demandais : « Bon, c’est sympa, mais ça finit quand ? ».
« Annette » se veut donc être un film de qualité, mais qui demande au spectateur lambda une concentration aiguë, et une réflexion poussée.

Joli conte , la photographie est belle, les effets visuels réussis mais trop nombreux, ils limitent l'émotion, créant une mise à distance trop grande entre l'historie et le spectateur. Des longueurs.

Annette fait partie de ces films qui, en sortant de la salle, ne vous laissent pas indifférents : soit vous l'avez adoré, soit vous l'avez détesté. Ma note vous aura déjà révélé quelques indices mais j'appartiens à la première catégorie. Annette est un film époustouflant. Tout y était : une mise en scène extraordinaire en plus d'être originale, (sûrement son meilleur point), une bande originale irréprochable et enfin un très bon casting mené par Driver et Cotillard. Moi qui ne suis pas pourtant fan de l’actrice en raison de ses prestations souvent lamentables, je l’ai trouvée pour le coup très convaincante dans son rôle.

En ouverture du festival de Cannes en 2021 et multi-récompensé lors de la dernière cérémonie des César, le film "Annette" de Leos Carax qui suit l’histoire d’un couple glamour sous la forme d’une comédie musicale, est sur le papier parfaitement attirant. Bien qu’il soit magnifiquement filmé, agréablement poétique et porté par les talentueux Adam Driver et Marion Cotillard, la magie du film ne prend malheureusement pas. Le manque d’alchimie entre les deux acteurs, l’absence de dialogues profonds et des scènes musicales trop excessives et pas toujours justes peinent à rendre cette banale histoire un peu plus passionnante. Le film qui nous avait promis une « expérience de cinéma absolue » n’a pas vraiment livré toutes ses émotions et nous laisse sur une fâcheuse note de déception.
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8/20
Critique sur Annette (film)
Vu le 07.07.2022 sur myCANAL

Annette est une comédie musicale atypique. Le spectacle vaut le coup d'œil. Le début et la fin sont top mais au milieu c'est un peu l'ennui !

Huit ans après "Holy Motors", Leos Carax revient avec un opéra rock écrit par les deux membres du groupe "Sparks". "Annette" est donc la rencontre entre les deux univers bien affirmés de ces différentes personnes, ce qui donne un film original sur l'univers du show-business avec un duo improbable composé d'un humoriste provocant et d'une soprano discrète. Une union exposée aux yeux de tous faisant les beaux jours des tabloïds même si ces derniers ne peuvent pas savoir tout ce qui se passe au sein d'un foyer. Henry, qui semble être quelqu'un de bipolaire, est rattrapé par ses démons et est confronté à des pulsions difficilement contrôlables. Cette évocation de l'industrie du spectacle par le prisme de la société permet au réalisateur de parler de différents sujets comme du harcèlement dans le milieu, des abus sexuels, de la presse à scandale ou plus surprenant de l'exploitation des enfants. L'histoire n'est évidemment pas très complexe puisque le film vaut surtout pour son univers. On a l'impression d'être tranquillement assis dans un théâtre où l'on nous propose une succession de tableaux sublimes. Certains frôlent le ridicule sans jamais l'être tandis que la rencontre avec Annette peut être déroutante, mais c'est aussi ce qui fait le charme de ce film. Mon tableau préféré est probablement celui spoiler: après la mort d'Ann lors que Henry attend les secours. Une lune magnifique qui éclaire les premières notes chantées par la petite fille
. Entre les tableaux, les décors et costumes et la photographie, le film est visuellement somptueux. Un vrai spectacle qui donne un film unique et surprenant.

J'ai vu le film une deuxième fois et franchement c'est pas si mauvais que ça contrairement à ma première vision . Ce film cache beaucoup d'émotion dans un monde décalé et quasi irréel. Leos Carax à mis 9 ans à faire ce film . Respect malgré un monde complètement décalé. J'ai du mal avec les films musicaux. Mais Respect pour son travail. La fin dégage beaucoup d'émotion.

Ce film est un bijoux a conserver car il vieillira bien dans le temps, on a la lumiere de tarantino les plans de Scorcesse et un scenario du nouveau genre hollywoodien, moins d’effets speciaux et plus de tourmente dans les personnages et les enchainements. Sans spoiler je dirais que du debut à ma fin entre melodrame et music hall on est happé par ce couple qui s’aime et qui represente l’un et l’autre deux univers opposés, deux caracteres et une relation egoïste et passionnel. Tout est dans l’image tres esthetique, les deux acteurs porte ce long metrage avec des jeux d’acteurs fermé mais tres touchant. Avis aux amateurs de films psychologique à morale.

Pas vraiment convaincu par Annette... les personnages sont creux, l'histoire un peu biscornue et les musiques m'ont parues assez similaires les unes aux autres.

Quand "Henry" (Adam Driver) rencontre "Ann" (Marion Cotillard), cela ne fait pas les affaires spoiler: de l'accompagnateur de cette dernière, puisque le fameux "love at first sight" des comédies romantiques les lie d'emblée, ramenant le musicien au rang d'ami fidèle.
Le (très mérité) Prix de la Mise en scène du Cannes 2021 n'a cependant rien d'une rom com'. Et l'on n'est pas chez un héritier du duo Demy/Legrand (il y a des dialogues parlés), ni dans un "musical" standard, non plus. La jeune femme passe son temps à défuncter sur scène - en diva (adulée), enchaînant les grands rôles (tous tragiques) pour soprano du répertoire, de Desdémone à Madame Butterfly, ou Carmen. Son (bientôt) époux perfectionnant pour sa part, de représentation en représentation, un personnage qui lui ressemble comme un frère, avec un humour provocateur, de plus en plus acide - le public US, si puritain, le suivant de moins en moins sur ce terrain glissant. Très vite, l'enfant paraît : "Annette", spoiler: si singulière...
Et le drame, aussi.
Un film étonnant (forme et fond). Un film, techniquement éblouissant, foisonnant côté thématiques abordées. Adam Driver, flirtant avec la posture d'une "Barbe Bleue" (façon "metoo") - Leos Carax, dans le long générique de fin, ne remercie-t-il pas d'ailleurs Béla Bartók, dont l'unique opéra fut "Le Château de Barbe Bleue" ?.. y est emballant ; Mademoiselle Cotillard, passant de la chanson à beuglant de son "rôle à Oscar", au théâtre lyrique ici, un (grand) brin peu crédible en diva, au physique, pour sa part (et toujours aussi ampoulée dans son jeu).