"Un Sac de Billes" tiré et adapté du best seller de Joseph Joffo paru en 1973, lui-même témoignage de son histoire vraie, démarre d'abord comme une très belle carte postale...
Un peu surpris par l'aspect léger et un peu mélo de cette toile de fond, presque en décalage avec le climat anxiogène de cette époque plus que troublée, le film prend enfin et petit à petit de la densité par les événements historiques qui poussent cette famille juive à se séparer pour espérer mieux se retrouver ensuite...
On quitte alors cette bienveillance feutrée, pour entrer dans le drame de l'éclatement familial avec tout ce qu'il comporte comme décisions, nouvelles règles ou habitudes et bien sûr comme dangers à venir...
La caméra se focalise alors sur les deux plus petits de cette fratrie de quatre garçons, afin de suivre leur voyage jusqu'à la zone libre.
Le plus jeune des deux, Joseph après un début qui faisait craindre le pire, finit par prendre une certaine épaisseur qui fait que l'on s'attache à cet enfant de mieux en mieux interprété par Dorian Le Clech, alors que son frère plus âgé (Batyste Fleurial) lui apporte toute sa protection et son amour, tout ceci malgré une diction légèrement avalée et un peu rapide quand même...
À ce sujet, il est d'ailleurs dommage que le réalisateur n'ait pas pris soin de mieux soigner les dialogues en évitant des expressions qui n'avaient pas lieu à l'époque comme "lâche-moi !" pour n'en citer qu'une seule parmi tant d'autres.
De même que l'exode vers le sud, manque de crédibilité et de vérité, rien que par ces chemises toujours d'un blanc immaculé du début à la fin !
Des détails certes mais qui gênent par leur manque de réalisme évident.
Maintenant, il est toujours délicat de descendre radicalement un travail de mémoire tel que cette histoire de la famille Joffo plongée dans les stigmates de la guerre, juste victime de cette horrible étoile jaune qui l'a marquera au fer rouge comme des millions d'autres !
Certains moments sont même d'une extrême gravité et le basculement dans le néant face à la barbarie ambiante, n'est jamais loin pour ces enfants, au point de nous faire frémir d'une minute à l'autre...
L'émotion est alors au cœur des faits montrés à l'écran, pour mieux nous rappeler l'horreur vécue à travers cette guerre sans nom.
Les acteurs sont tous à la hauteur, de Patrick Bruel très touchant et juste au plus petit et héros de l'histoire qui ne cesse de grandir, de mûrir et de se responsabiliser !
Alors un film utile sans aucun doute, dont la reconstitution de ces années 40-45 est par ailleurs fidèle et superbement filmée, presque trop !
Et donc un détour qui ne sera par contre pas de trop afin d'être confronté à ce qu'ont vécu des êtres devenus indésirables, coupables et responsables de leur religion, de leurs différences...
Cette deuxième adaptation, cette fois par Christian Duguay est donc malgré son aspect un peu trop beau et léché dans sa forme, à découvrir pour le fond historique tout simplement essentiel !