J'ai été marquée, enfant, par la lecture du livre de Joseph Joffo, autant dire que j'attendais avec impatience de voir cette adaptation de Christian Duguay (je ne savais pas qu'il y avait une version de 1975).
et je n'ai pas été déçue : l'ambiance du livre est fidèlement retransmise à l'écran, comme à la lecture du livre qui ne se fait que d'une traite, on ressent l'angoisse, la terreur, la douleur de la séparation mais aussi toute la tendresse d'une famille unie, obligée de se séparer pour survivre.La reconstitution historique est très fidèle, la collaboration active des gendarmes et miliciens français dans la déportation est clairement retransmise.
Bien sûr, pas mal de scènes ou de personnages du livre sont absentes du film, comme le séjour de Joseph dans une ferme, le personnage de l'infirmière juive de l'hôtel Excelsior qui soigne Joseph lors de sa méningite (le docteur Rosen incarné par Christian Clavier la "remplace"), l'absence de Rosette, la grande soeur , la rencontre des deux frères avec un marquis qui les prend en stop sur sa calèche....
mais cela peut se comprendre, sinon le film durerait 3 heures!!
Les deux jeunes acteurs sont extrêmement touchants et crédibles, deux révélations qu'on reverra très certainement!!! Patrick Bruel, très impliqué dans son rôle, campe un père de famille contraint aux pires décisions pour sauver les siens, Elsa Zylberstein, la mère, n'est pas seulement là pour materner tout le monde, elle est la digne associée de son mari dans ses projets et sauve d'ailleurs la situation
lors de la scène du violon.
et Kev Adams est très surprenant dans un rôle aux antipodes de ce qu'on lui connaît, Bernard Campan campe un Ambroise Mancelier très fidèle au livre...le personnage de son fils, milicien, a été rajouté à l'histoire, afin de renforcer l'atmosphère angoissante autour du jeune Joseph...
je n'ai pas mis la note excellente, pour 2 raisons : le rapprochement inutile de Joseph et Françoise (dans le livre, Joseph se contente d'adorer son idole à distance), l'absence de la scène de la messe où Joseph essaie maladroitement de suivre les rites d'une religion qui n'est pas la sienne, ce qui aurait pu ajouter un peu de comique, bienvenu!
autre petite gêne,
dans le livre, quand le père lance avec dignité aux deux officiers SS qu'il vient de coiffer, "ici, nous sommes tous juifs", l'officier répond "je voulais parler des juifs riches".
c'est dommage d'avoir enlevé cette réplique.
j'attendais aussi la conclusion du livre : Joseph Joffo, en regardant dormir ses fils, se demande si un jour, il sera amené à leur dire la même chose que son père "voici de l'argent, il faut partir" , constate que les musettes du voyage sont rangées dans l'armoire et espère qu'elles y resteront toujours...
bon petit clin d'oeil au générique de fin avec un résumé de ce qui est arrivé aux parents et aux deux aînés Joffo et l'apparition des deux frères Maurice et Joseph Joffo en 2017.
attention à la violence de certaines scènes,
la fusillade à la gare des fuyards, la fusillade des résistants, les coups,
à mon avis, tout ceci n'est pas pour de jeunes enfants.
on ressort de ce film, bouleversé.