A travers le point de vue de Céleste Albaret, Percy Adlon évoque les dernières années de Marcel Proust, reclus dans sa chambre et composant son oeuvre géniale entre deux crises d'asthme.
Le réalisateur décrit la relation à la fois distante et complice entre l'écrivain et sa gouvernante Céleste, aux multiples fonctions dont celle -la plus passionnante- de recueillir
la dictée
de Proust, cette Céleste qui fut sans aucun doute la personne la plus proche de Proust à la fin de sa vie.
Epousant le mode de vie de Proust, Adlon ne quitte pas un seul instant l'appartement de l'écrivain. La cuisine, où Céleste attend qu'on la sonne, et la chambre, où Proust ne vit plus, ne crée plus qu'allongé dans son lit, se partagent l'essentiel des plans.
L'idée du film, inspirée du propre témoigne de Céleste Albaret, est attrayante (pour le proustien). Mais, pour la raison-même que Percy Adlon est fidèle au sujet et à l'enfermement de Proust, le film est particulièrement austère. Les longs silences et la lenteur de la mise en scène, comme exprimant le temps suspendu, les jours qui s'écoulent les uns pareils aux autres finissent par avoir raison du spectateur (même proustien). Certes, les deux personnages semblent proches de ce qu'on imagine et connait d'eux (et leur interprétation est honorable), notamment Proust en
érudit hypocondriaque et mondain
-ce dernier aspect risquant de donner ici au profane une image incomplète et superficielle de l'auteur de la Recherche.
Mais, en dépit que l'oeuvre de Proust n'est pas le sujet du film, il manque au spectateur, connaisseur ou non, d'éprouver le génie de Marcel Proust, de découvrir son travail au quotidien et de mettre de l'ordre dans ses fameuses paperolles. Au dépouillement compréhensible du film s'ajoute cette frustration.