On a annoncé ce film presque comme un chef-d’œuvre, voilà l'état du cinéma français et de la comédie en 2018, dès un petit truc se démarque un tout petit peu de la médiocrité habituel on s'empresse de crier au génie. Encenser un film de Lellouche, c'est dire si la comédie française va mal. On a le gentil naïf, le dépressif, celui qui rêve de réussite, l'entrepreneur qui mène la grande vie sans en avoir les moyens, le gars énervé, un étranger et un autre gars qui est... on ne sait pas trop quoi. Voilà la brochette d'hommes qu'a imaginée Lellouche pour faire son film. Les femmes elles dirigent, elles entraînent cette équipe d'hommes bancale. Il faut bien inverser les rôles pour que le film ne soit pas associé à un truc trop macho. Ces femmes elles non plus ne sont pas mieux que les hommes, l'une est alcoolique et seule, et l'autre est un tyran en fauteuil roulant, teint comme dans **Dogeball**. Lellouche souhaite montrer que quelque soit la place des gens dans la société c'est dur pour tout le monde, personne n'est épargné par le simple fait de vivre. Son but est de montrer la lourdeur des choses tout en le faisant passer de façon légère. En ce sens Lellouche a un vrai point commun avec ses personnages, il rêve d'une chose qu'il n'atteindra jamais. Il ne sera jamais subtil et restera pour le reste de ces jours le gros beauf qu'il est. Le réalisateur il est vrai a pourtant une réflexion sur la vie et le temps qui passe, mais s'il se rend compte de certaines choses il ne sait en faire qu'une mauvais analyse de comptoir. Son film oscille entre des réflexions presque bonnes et des idées bas de plafond. Pas besoin de dire que c'est la seconde option qui prédomine sur la première.
La réalisation et ces mouvements de caméra sont eux aussi dans le même registre. Le film est tellement mal pensé en matière de mise en images qu'il est presque impossible d'oublier la caméra pendant toute la première heure. Lellouche fait des plans qu'il pense réfléchi et bien senti, alors qu'il se vautre dans un clipesque absolu. Le beauf qu'il est s'étale encore un peu plus avec ses plans d'une rare sottise. La caméra est placée dans la piscine, pour se trouver à moitié immergée comme dans les reportages animaliers, on voit donc ce qui se passe sous l'eau et à la surface. Lors de ces scènes on voit aussi la vitre qui protège la caméra lors de ces passages, il y a de belles traces sur cette vitre. Il faut croire qu'il n'y avait pas un assistant attribuer au nettoyage de la vitre. Lellouche filme aussi par exemple une route à l'envers depuis le capot d'une voiture et fait pivoter la caméra pour revenir sur le conducteur Guillaume Canet. Bonjour la lourdeur de cet effet tape à l’œil, qui n'a absolument aucun intérêt. Les effets se calment un peu par la suite, mais dès que la caméra arrive à se faire oublier, il ne faut pas longtemps pour que Lellouche replace l'un de ces vilains effets qui revient faire sentir la lourdeur de sa réalisation.
Les personnages sont à l'image du reste du film, quelques bons trucs mais dans l’ensemble leur caractère sont mal utilisés. Lellouche les traite de façon conventionnelle, il ne sait pas faire autrement. Bon, il est tout de même moins balourd que son pote Canet l'est dans **Les petits mouchoirs** mais ça ne vole pas très haut pour autant. La camaraderie ne se résume pas à de grands éclats de rire comme dans une pub pour les pâtes. Dans celle-ci on veut nous faire croire que tout le monde s'amuse autour du partage d'un bon moment d'un plat industriel partagé. Hummmmmmmm....comme c'est bon. Les acteurs ne sont pas mauvais dans ces rôles de losers. Quoique Poelvoorde a besoin d’être dirigé, il ne faut pas le laisser en roue libre car l'homme à vite fait d'en faire trop. C'est ce qu'a compris Dupieux dans **Au poste**, contrairement à un Lellouche qui a trop tendance à le laisser faire son numéro. Virginie Efira n'est toujours pas une actrice donc elle manque de crédibilité dans bon nombre de scènes. Elle joue très mal l'ivresse, il faut voir l'instant dans lequel elle arrive à l’entraînement, bourrée, enfin non, saoule. Katerine comme d'hab fait du Katerine, bon on a comprit ça n'a rien d'étonnant, l'homme a certes un truc comique mais ici son décalage est trop poussif et ça ne fonctionne que sporadiquement.Fort heureusement Alban Ivanov est quasi inexistant et c'est tant mieux. Le film suit un schéma fort classique, les losers dans lesquels personne ne croit vont se révéler sur le final. Difficile de croire que cette équipe de mecs ventripotents arrive à faire mieux que les équipes de gars affûtés, d'autant que Lellouche montre les figures complexes que ces équipes arrivent à faire. Bon on veut bien que ces mecs aient quelque chose en plus que les autres n'ont pas. Par contre les raccords lors de ces scènes ne sont carrément pas bons, car le Sri-Lankais est petit et gros, comme Alban Ivanov d'ailleurs, mais quand on voit leurs jambes sortirent de l'eau elles sont toute fines est affûtées. Bon le film est moins pire que la bande annonce le laissait croire et c'est presque bien par instants, mais c'est Lellouche qui est derrière tout ça et c'est le gros handicap de ce Grand bain.