Du cinoche de première division cautionné par le tout venant médiatico consensuel, prêt à être ingurgiter par les masses, pourvu qu’on leur vende ça avec l’étiquette « feel good movie/ comédie de l’année » et voilà le travail…
Déjà la longueur : deux heures pour nous raconter ça, c'est une espèce de supplice surtout pour une comédie. Ensuite le style : une réalisation étonnement impersonnelle, qui tape dans tous les effets possibles : zooms, travelling, plans en plongées (forcément...)... Et ce début façon Klapish qui nous raconte l'histoire du carré dans le rond : au secours !! Bref, Lellouche, dont déjà je n'avais pas aimé "Narco", semble concevoir son cinéma comme une récitation de ce qu'il voit ailleurs, incapable d'avoir un style propre... Et ça clippe à tout va, pourvu que ça plaise.Niveau acteurs/ personnages, ça s'arrange un peu, enfin, ça dépend de qui on parle : Canet et Anglade, chacun dans leur registre sont touchants, Philippe Katerine, lui, casse la baraque sur un mode délibérément surréaliste, reste Amalric dont le personnage de dépressif n'a rien d'extraordinaire et Poolvoerde qui fait du Poolvoerde... Et puis il y a ces deux acteurs, deux silhouettes quasiment, Alban Ivanov (6 phrases de dialogues) et Balasingham Tamilchelvan (à peine une réplique), ce dernier étant un mystère, on ne sait pas qui il est, ce qu'il fait, ce qu'il vit, on sait des tonnes de choses sur les autres mais rien sur lui pendant deux heures.... A croire que sa présence n'est qu'un prétexte pour remplir la case "diversités", je trouve ça limite scandaleux. Les femmes ? On a pris bien soin de ne pas les oublier et chacune à sa scène. Alors elles font le taf, honnêtement, sans plus. Une en particulier, Leila Beitki en mode sergent façon « Full Metal Jacket » est à la limite du grotesque et pourtant je vous parie qu’on lui donnera un césar. En fait, les vraies bonnes surprises du film sont Jonathan Zaccaï, génial en beauf d'Almaric et Claire Nadeau, qui joue la folle mère de Canet. Ces constats faits, je dois admettre qu'il y a quand même là-dedans une poignée de scènes réjouissantes : la passe d'arme « spécial dépressif » entre Canet et Amalric,
la séquence du vol raté, la troupe triomphante face au couché de soleil,
voilà, des choses par ci par là… Et quand Lellouche tape dans le cynisme, par exemple, il fait mouche (le génial règlement de compte Amalric / Zaccaï dans le magasin de meubles…), mais ça n’arrive que rarement. La loose en bande, c’est une autre façon d’enchaîner les stéréotypes, clichés et autres invraisemblances usés jusqu’à la corde. Tout est permis dans le genre puisque les anglais sont déjà passés par là (« Full Monty », « Rasta Racket », ect…). Le seul vrai gagnant dans cette histoire ? Phil Collins ! Avec le succès du film, Lellouche va pouvoir lui filer des droits d'auteurs à vie alors qu'il n'en a franchement pas besoin. Allez, un grand bain de billets verts pour tout le monde !