On entend beaucoup parler du nouveau film de Gilles Lellouche, son second derrière la caméra après « Narco » en duo avec Tristan Arouet, donc le premier seul à la réalisation si l’on excepte l’un des segments du films à sketchs « Les Infidèles ». En bien et à raison. Outre son impressionnant casting, « Le grand bain » est une réussite, une œuvre qui ne se la raconte jamais mais qui raconte quelque chose de sincère avec brio et simplicité. C’est un film plein de bons sentiments (toujours profonds et beaux mais jamais niais) qui nous présente des tranches de vie de la plus charmante des façons. Entre rires et larmes, entre tristesse et joie mais toujours avec beaucoup d’amour pour ses personnages, l’acteur sait à merveille chouchouter ses comédiens et leurs personnages, certainement parce qu’il est lui aussi très souvent devant la caméra.
On peut toutefois relativiser l’extrême, poussif même, emballement critique général. On entend dire un peu partout « meilleur comédie de l’année » voire « meilleur film de l’année ». Si « Le grand bain » est une franche réussite sur beaucoup de points, ces termes semblent un peu exagérés car le long-métrage n’est pas exempt de quelques défauts. D’abord, on a un peu de mal à se mettre dans le bain, c’est le cas de le dire. Les vingt premières minutes sont un peu laborieuses et ternes, il y règne une sinistrose ambiante à tel point qu’on se se demande si on ne s’est pas trompé de film. Heureusement, cette impression va se gommer de plus en plus, « Le grand bain » devenant de plus en plus aimable et lumineux. Ensuite, Lellouche a parfois du mal à se départir d’une certaine monotonie dans le montage qui l’oblige forcément à alterner séquences de groupes suivies de séquences avec chacun des protagonistes seul et ainsi de suite, ce qui s’avère une constante difficile à éviter pour les films de groupe. Enfin, ce n’est pas vraiment un défaut mais un constat, il y a quelque peu tromperie sur la marchandise. En effet, on ne rit pas aussi souvent qu’espéré ici. On est plus dans une chronique sociale qui alterne tendresse et humour que dans une franche comédie. La promotion du film s’est focalisée sur les scènes les plus drôles du film de manière un peu hypocrite. En l’état, on rit pas mal grâce aux prestations d’une Leïla Bekhti savoureuse et totalement à contre-emploi et de Philippe Katerine dont le côté loufoque n’a jamais été aussi bien employé. Et, à moindre mesure, Poelvoorde qui reste plus dans son registre habituel. Sinon, ce « The Full Monty » à la française ne se vautre pas dans la franche rigolade et c’est tant mieux.
A part ça, « Le grand bain » est un film populaire dans le bon sens du terme, un film qui s’adresse à tous et surtout un film qui fait du bien. On sort de la salle avec le sourire aux lèvres et content d’avoir passé ces deux heures qui filent à vitesse grand V avec cette bande de pieds nickelés. Des hommes qui vont retrouver le sens de la vie et le bonheur grâce à une discipline mais surtout à l’esprit d’équipe. Malgré le nombre important de personnages, Lellouche parvient à donner ses petits moments à chacun. Hormis Mélanie Doutey et l’acteur sri lankais (le personnage inutile du film), tous sont parfaits et personne ne tire la couverture vers lui. Guillaume Canet a d’ailleurs un rôle étonnant qui lui va comme un gant. Quant à la réalisation, elle est en totale adéquation avec le sujet (toute la dernière partie en Norvège, dont la compétition finale, est impeccablement mise en scène) et on perçoit que Lellouche a du goût que ce soit dans les cadrages ou les mouvements de caméra. On apprécie également des dialogues très bien écrits et des répliques qui pourraient devenir cultes. Fédérateur, maîtrisé, loin du simple film de potes et juste jusque dans son approche sociale, c’est définitivement un petit coup de cœur qu’il serait dommage de rater. Une réussite à l’image du meilleur des success story ou des comédies sociales à l’anglaise.
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