Le point de départ laisse penser l'idée d'un énième teen movie (à la française), d'autant plus que la réalisatrice est une femme. Elle nous propose, en effet, une mise en scène esthétique... Elle parvient à éviter la vulgarité alors que les scènes de sexe mêlent à la fois réalisme et codes du porno et de l érotisme (mais pas le téléfilm du dimanche soir...!). Elle les laisse libres de leurs actes et de leurs comportements, sans pour autant délivrer une approbation ou un consentement vis-à-vis de leurs activités sexuelles. Elle se contente de regarder, comme nous spectateurs (un peu voyeuristes, on assume), et d'y apporter une touche réflexive à ce qui se déroule sous nos yeux... Ce n'est en effet qu'au cours de la dernière demi-heure que nous parvenons à saisir les enjeux derrière l'histoire des jeunes et à distinguer le pourquoi du comment de la chose.
Ce qui frappe d'abord dans Bang Gang (une histoire d'amour moderne), c'est l'éclatement de la famille. Les jeunes apparaissent comme livrés à eux-mêmes, échappant au regard et au contrôle parental, à un âge auquel la déconnexion vis-à-vis de cette sphère de vie se fait progressive et grandissante. 16 ans, c'est le stade de l'insouciance, celui auquel on aspire à vivre, à entreprendre des expériences, à tenter des choses...
Ces bang gang apparaissent comme l'expression d'une liberté sexuelle et la revendication d'un droit à la baise qui entravent la liberté cinématographique au nom de ce que veule représenter les producteurs meme si au 1er regard la critique peut être vite fait... avec du recul et objectivité on peut l entrevoir autrement ou du moins différemment. Par ailleurs, à cet âge, que représente l'adolescence, la sexualité est ici un exemple des étapes auquel tout individu est confronté au cours de sa vie. On teste ses limites, on se cherche, tout en essayant de se conformer au commun des mortels"lol". Mais permettant parfois d'éviter l'exclusion, la mise à l'écart, dans une période de la vie où le niveau de confiance en soi flirte souvent avec le zéro et le mal-être souvent présent. Ici, le bang gang apparaît comme un moyen d'évacuer ce mal-être, cet état de tension permanente et propre à chacun: chaque corps et chaque sexe sont l'égal de l'autre, au mépris de tout jugement extérieur. Les partenaires se ressemblent, se changent et s'échangent.,..
Bref ici la vision de la sexualité est présentée comme normal par les codes montrés par l'industrie pornographique, que ce soit en termes de représentation des corps et cela dans tout ce que l'on peut imaginer voir même ne pas penser... No comment..En outre, l'activité sexuelle semble ici représenter un genre d échange à la encontre de l'ennui que semblent éprouver les personnages au cœur des quartiers résidentiels....
La sexualité se définit alors en tant qu'activité sociale, associée à la prise d'alcools et de drogues où il y aurait a débattre des heures et des heures et ou plusieurs avis, voir vécu ; "remplirer" ce que certains verront comme quelques cas a part de petit bourge ou alors d une réalité quelques peu extrapolé mais pas si inexistante que cela (le chemsex même si plus réservé aux homosexuels me semblent pourraient en être une continuité, toujours dans la recherche du toujours plus...
C'est alors que survient l'éclatement de la bulle, de la communauté, le bang (attendu) du gang. Finie l'insouciance, retour à la réalité froide et implacable, celle qui ne fait pas de cadeaux et qui nous sort du leurre. La vérité est alors révélée au grand jour, le scandale éclate, moral et sanitaire. Comme si l'adolescence en tant qu'épreuve personnelle ne suffisait pas, comme si nos héros ne voulaient déjà pas se soustraire au regard d'autrui, les voilà jugés sur la place publique. Par obligation, la cellule familiale est tenue informée et intervient, de manière différenciée selon les parents, du silence à la réprobation, en passant par la fuite et la déception.
Pour tous, ce bang gang marque la fin d'une époque, d'une expérience au caractère mythique, d'une histoire moderne qui se muera en légende dans les couloirs du lycée. La dislocation de cette communauté d'appartenance, à laquelle plus personne ne souhaite désormais s'identifier, engendre la fin d'une solidarité tacite et collective, ainsi que la rupture avec un cercle amical, qui s'expriment via la fuite ou la recherche d'un nouveau départ hors du cadre territorial de cette fiction réelle.
Avec une BO envoûtante, entrecoupée de musique classique, mais jouant son effet. Et ceux malgré les imperfections (rythme inégal, manque de réflexivité et de profondeur dans la première partie), ce Bang Gang apparaît comme un coup d'essai aussi lumineux que le propos est sombre. Outre la révélation de jeunes acteurs adoptant un ton juste et réaliste alors qu'ils sont littéralement exposés aux yeux du spectateur, le film marque les débuts prometteurs d'une réalisatrice stupéfiante!