« Brimstone » est un film réalisé par un néerlandais, Martin Koolhoven. Comme son compatriote, Paul Verhoeven, sa réalisation est sans concession, violente, brutale et frontale. Pas d’hypocrisie, pas de pudeur, pas de pincettes. La violence n’est ni gratuite, ni complaisante. A aucun moment, j’ai eu l’impression que le réalisateur m’a pris en otage, m’a forcé à être dans la peau d’un voyeur. A aucun moment je n’ai ressenti un tel malaise ; par contre, cette violence faite aux femmes me révolte et me met mal à l’aise. Toute violence envers mon semblable m’est insupportable ; toute violence envers les habitants qui peuplent cette planète, hommes et animaux m’est insupportable. Et je ne crains pas de l’affronter si un réalisateur décide de décrire un monde tel qu’il est, à savoir cruel. C’est comme les scènes de sexes, elles ne me dérangent en aucune manière si elles sont justifiées ou honnêtes. Je ne le dirai jamais assez : rien ne me choque dans l’expression artistique. Pourquoi la violence doit-elle être que suggérée ? Hors champs ? Je crois le réalisateur sincère et si je le perçois, j’accepte sa démarche artistique. « Irreversible » de Gaspard Noé est une violence que j’ai acceptée et qui évidemment m’a mis mal à l’aise par exemple. Et c’est tant mieux de me bousculer. « Brimstone » est un western à la violence cash, rien à voir avec un Tarantino. « Brimstone » enfonce des portes ouvertes pour certains, mais les thèmes comme la violence faite aux femmes, la religion doivent nous être répétées à l’infinie et sous toutes ses variantes. Le récit de ce prêcheur abominable, qui sous couvert de la religion, s’autorise à l’inceste et à la pédophilie m’a mis mal à l’aise. Le réalisateur ne nous épargne rien et c’est tant mieux. « Brimstone » est un western vu par un européen et à des accents de thriller et d’épouvante. Pour ce dernier point, « Brimstone » se révèle plus efficace que certains films qui en revendiquent le genre. Certainement parce que cette violence que l’on peut interpréter comme « facile » s’inscrit dans un fort réalisme. La narration de « Brimstone » est divisée en quatre chapitres lesquels se réfèrent à la Bible. Une bible sanglante, ce n’est pas moi qui le dit, c’est aussi le titre d’un livre : « La Bible sanglante »; je vous invite accessoirement à le lire et l’on s’apercevra que le réalisateur ne fait aucune surenchère dans ses propos. Du reste, le prêcheur fait allusion à cette « Bible sanglante » pour justifier ses actes crapuleux. L’interprétation de Guy Pierce est abominablement convaincante et celle de Dakota Fanning est d’une violence froide et latente. Quant au reste de la distribution, elle est tout aussi remarquable, à commencer par Emilia Jones, Liz, adolescente. Maintenant, je regrette deux facilités scénaristiques, lesquelles ne m’ont pas gâché pour autant ma concentration. A voir en V.O évidemment à la condition d’accepter de ne pas encombrer son esprit de parasites moralo-religieux…