Avec Brimstone, ce n'est malheureusement encore qu'un de ces films prometteurs qui n'atteint pas les sommets qu'il devait tutoyer. Pourtant, le découpage en quatre parties non linéaires du scénario sonnait comme une révolte originale d'un genre vivant encore trop dans un passé glorifié par ses classiques, le western. Mais cet aspect original du récit ne l'empêche pas de se perdre en route, les deuxième et troisième parties étant de trop longs flash-backs nous faisant oublier ce qu'il se passe dans une première partie trop lente pour paraître tel un démarrage intense. Seul le dernier chapitre atteint un dramatisme captivant qui offre une fin poignante à un film trop prévisible. Car si le souhait des flash-backs est de nous mener en bateau, le scénario s'avère trop prévisible et sa non-linéarité, aussi originale soit-elle, n'apporte au final pas grand chose à un film qui se serait suivi aussi bien linéairement.
Critiquant ouvertement le fanatisme religieux et l'impossibilité d'un personnage principal, Liz, d'aller contre un destin horrible, terrifiant et intimement lié au révérend et à Dieu, le film s'aventure pourtant dans une fin complaisante avec l'idée du destin tragique dans lequel l'être n'a aucun choix à faire, dans lequel il doit simplement accepter ce qui lui arrive, là où au début, ce même personnage avait pourtant décidé la mort et la vie. Le film finit à l'endroit où il aurait pourtant dû commencer dans sa logique moralisatrice. Sinon, nous apprécierons ce scénario transformé en 2h30 de jeu de piste agréable bien qu'inégal. Inégale est la gestion des personnages: hormis le duel entre Liz et le révérend, les personnages secondaires sont sacrifiés, celui de Kit Harrington est, comment dire, perdu à la fois dans la fiction et dans la réalité, l'acteur étant totalement à côté de la plaque. Heureusement donc que les deux personnages principaux relèvent le niveau, tous deux parfaitement interprétés par Dakota Fanning, dont le charisme s'adapte parfaitement à celui de Liz, dont la force a été décuplée par les événements qu'elle a subis tout au long de sa vie, et Guy Pearce, intenable et terrifiant en révérend voulant punir les êtres ne se trouvant pas sur la route de Dieu alors qu'il est sans doute de tous les personnages celui qui mérite le plus l'enfer.
Plus que la réalisation correcte de Martin Koolhoven à la mise en scène soignée, c'est la photographie de Rogier Stoffers qui apporte au film une luminosité et un esthétisme brillant. C'est LA qualité du film, il est beau et met en valeur ses décors comme tout western doit le faire. C'est pourquoi son inégalité et ses défauts assez nombreux sont encore plus dommageables pour ce long-métrage ambitieux mais n'amenant jamais le spectateur à la hauteur de cette ambition et surtout, ne montrant jamais la grandiose qualité que la lecture de la critique américaine laissait penser.