(...) Parce que le réalisateur s'est posé les bonnes questions à la base, on obtient un western qui est très européen dans son approche visuelle et thématique mais aussi très américain dans son imagerie. Respectueux de ses aînés (au lieu de les prendre de haut comme n'importe quel auteur se croyant supérieur au genre qu'il investit), Koolhoven garde un ton et une identité bien néerlandaise, creusant des thèmes chers aux cinéastes de ce pays (rapport à la religion, traitement des scènes de sexe, questionnements philosophiques sur la place de la femme, recherche d'un certain naturalisme) tout en sachant créer des images répondant aux canons du genre. Un grand écart complexe, dangereux, mais qui fonctionne à plein régime grâce à la maîtrise d'un cinéaste qui s'impose pour moi comme majeur au vu des évidentes qualités du film. C'est ainsi que l'on retrouve un Far West réellement sauvage, à la reconstitution minutieuse et magnifique (enfin, façon de parler car les costumes, les décors et les maquillages sont plus crades qu'autre chose), filmé dans des lumières parfois crépusculaires, avec peu de grands panoramiques sur les paysages (ce qui n'empêche pas le film de comporter quelques plans élégiaques et parfois contemplatifs), peu de mouvements d'appareil mais il compte aussi quelques images iconiques, sublimes, cadrées à la perfection et évoquant tout un pan du genre. Et c'est ce qui, pour moi, en fait un grand représentant du genre. (...) Dans son approche très européenne du genre, il y a bien sûr le traitement de la violence. S'attachant à traiter les conséquences de la violence plutôt que sa représentation, "Brimstone" ne lésine certes pas sur les effets gore (parfois un peu gratuits) mais il laisse souvent les moments les plus violents hors champ et il s'attache plutôt à monter l'après que le pendant. D'ailleurs, la plupart des moments les plus insoutenables, ce n'est pas tant les explosions de violence, mais plutôt ce qui précède voire certaines paroles ou certains actes plus "anodins". Résolument dérangeant, le film s'attache à se monter aussi viscéral que cérébral, prenant aux tripes régulièrement tout en n'hésitant pas à stimuler notre cerveau. En cela, Koolhoven se rapproche grandement du plus célèbre des cinéastes hollandais : Paul Verhoeven. Il y a indéniablement des similitudes entre le style des deux hommes, tant au niveau de la mise en scène que des thématiques. En définitive, un grand film, loin d'être aimable et accrocheur (difficile de dire qu'il s'agit d'un de mes films préférés ou bien d'un classique instantané) mais qui est surtout très dense, justifiant sans peine sa durée pouvant sembler excessive (les 2h20 passent assez vite pour peu qu'on se laisse embarquer), éprouvant, viscéral dans sa mise en scène, sachant user à bon escient de ses effets chocs ou bien des rebondissements narratifs, un film qui à coup sûr vous laissera une trace une fois les lumières revenues dans la salle. La critique complète sur