On peut avoir envie de défendre un premier film français, encourager les futurs grands talents de demain, détecter derrière la palpable imperfection des débuts les prémices d'oeuvres qui nous enthousiasmeront... Après la vision d'"un jeune poète", il va m'être difficile de montrer un peu d'enthousiasme...
L'affiche, réussie graphiquement, avec ses tons pastels donnent une idée de l'ambiance du film : éthéré, calme, doux... Ces qualificatifs, hélas, ne suffisent pas à décrire complètement ce qui nous est proposé sur l'écran. Il me faudra je pense en ajouter des moins sympas.
Ca se passe à Sète, la ville où repose Paul Valéry (mais aussi Brassens). Nous sommes en été et Rémi, un jeune adulte encore un peu adolescent, ambitionne soudain de prendre la posture d'un poète. Il va déambuler dans la ville à la recherche de l'inspiration, fera quelques rencontres et...mais chut...je ne révèle pas la fin, ce serait gâcher le plaisir.
Damien Manivel essaie de filmer le silence, la solitude voire le vide existentiel. C'est en soi louable et courageux mais pas vraiment convaincant et surtout totalement rasoir. On a déjà du mal à croire en ce grand dadais apprenti poète, qui plus est, errant dans des rues de Sète absolument désertes (en été !!!). Ce manque de vie ambiant n'est pas vraiment propice aux rencontres fascinantes. Il croisera quand même un jeune pêcheur qui s'ennuie et joue à la gameboy, une jeune fille plutôt mignonne mais guère emballée par ce grand échalas et deux dames vieillissantes, un peu cagoles, dans un bar minable. Il s'essaiera, comme tout bon poète maudit, aux substances euphorisantes (ici la vodka) mais elles finiront en vomi dans le caniveau.
Côté scénar on est très loin de Fast and furious (non, Rémi, chaussé de tongs, ne poursuit pas Léonore et son sac à dos). Mais on n'est pas non plus dans quelque chose de totalement raté. On s'y ennuie mais on prend le temps de regarder les jolis plans dans lesquels évolue Rémi Taffanel, l'acteur principal, que le réalisateur arrive à rendre sympathique, avec un côté Vincent Lacoste monté en graine. Mais le temps estival du film ne fait pas oublier la vacuité d'un scénario anémique.
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