En 2013, la sortie de "La Danza de la realidad" m'avait enthousiasmé. A sa manière, follement et génialement imaginative, Alejandro Jodorowsky y recréait son enfance dans le village mexicain de Tocopilla. Le film qui sort à présent, "Poesia sin fin", en est la suite. Elle se déroule non plus au Mexique mais au Chili et c'est son adolescence puis sa prime jeunesse que le réalisateur revisite. Il fait preuve, à nouveau, d'une imagination sans limites. Le sujet, même s'il s'apparente un peu à un lieu commun, ne peut que me toucher. Le jeune Alejandro se découvre une vocation de poète et s'attire les moqueries et les injures de son père pour qui, bien sûr, un poète n'est qu'un crève-la-faim. Sa mère, elle, semble toujours ailleurs et, comme dans le premier film, n'ouvre la bouche que pour chanter comme une diva. Lassé, révolté, Alejandro se décide à quitter définitivement le foyer familial. Il se mêle aux personnages les plus étonnants, n'est accueilli que par des marginaux et des fantasques, essaie de se faire une place de poète en ce monde. Mais y a-t-il de la place pour un poète ici-bas? Pas sûr. A la fin du film, Alejandro tente d'arrêter, lui seul avec sa poésie, le futur dictateur Carlos Ibanez del Campo et ses partisans qui ne s'aperçoivent même pas de sa présence. Alejandro décide alors de quitter ses quelques amis et de rejoindre en France André Breton et les surréalistes.
Ce film offre beaucoup de scènes fascinantes et touchantes. Pourtant il m'a moins convaincu que le premier volet. Peut-être l'effet de surprise joue-t-il moins? Ou alors c'est le sujet lui-même de ce film qui, même s'il est traité avec plein d'inventivité de fantaisie, m'a semblé un peu trop démonstratif. Un peu comme si Jodorowsky cherchait à convaincre le spectateur de ce qu'il sait déjà ou devrait savoir: ce monde n'est pas fait pour les poètes! 7,5/10