Très bonne surprise de 2014, "John Wick" était un excellent actioner que personne n'attendait mais qui a su séduire grâce notamment à sa nervosité et ses scènes d'actions violentes et survoltées. Inutile de dire qu'une suite était attendue au tournant et que, vu le niveau du premier opus, il fallait mettre la barre haute dès le départ ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est que "John Wick 2" démarre littéralement sur les chapeaux de roues : pas le temps de s'installer pépère pour regarder "Love Story", John Wick n’a pas le temps lui ; tout ce qu’il veut, c’est récupérer sa bagnole qu'on lui a volée dans le précédent film, afin de pouvoir enfin profiter de sa retraite. Seul bémol : une fois le véhicule retrouvé, le repos de l’assassin sera de courte durée car son passé revient le hanter pour l'obligé à honorer une dette contractée jadis...Beaucoup de sang va encore couler : si vous aviez trouvé John monstrueux dans l'opus précédent (j'ai vu sur le net que certains s'était amusé à dénombrer un nombre de victimes supérieur à 80 !!), je vous jure qu'ici aussi il va laisser derrière lui un sacré paquet de cadavres ! Cette fois-ci encore, Chad Stahelski fait exploser à l'écran son amour des actioners en nous livrant une bonne direction photographique et des scènes d’action ultra chorégraphiques et savamment mises en scène. Et, heureusement pour nous, Stahelski refuse de jouer la carte de l'action soi-disante moderne en jouant avec une caméra parkinsonienne à la Jason Bourne qui est au final illisible : évitant soigneusement de filmer la même scène sous plusieurs angles pour en montrer toute l’intensité, il préfère miser sur des objectifs anamorphiques et un effet plan élargi pour faire rentrer l’action en un seul plan-séquence. Cette technique nous permet de profiter pleinement des combats tout en mettant en valeur le décor dans lequel ces derniers se déroulent : que se soit dans des catacombes romaines ou dans les couloirs du métro de New York (le duel contre Common est sans conteste le plus réussi du film !), le métrage nous offre une photographie remarquable et assez inhabituelle dans ce genre de film. L'apothéose étant atteinte à la fin lors d'une folle séquence dans une galerie des glaces revisitant la scène des miroirs de "Opération Dragon" avec Bruce Lee où les jeux de lumières et de caméras nous présentent une action lisible tout en cherchant à nous troubler notre perception de l’espace. Non, il n'y a vraiment rien à dire : la réalisation de "John Wick 2" est excellente et bien meilleure que celle du premier volet ! Bien entendu, la principale force du métrage réside dans ses nombreux gunfight et, sur ce point, les amateurs vont se régaler : les scènes où intervient ce fameux mélange entre arts martiaux et armes à feu (qui avait déjà été « testé » dans le "Equilibrium" de Kurt Wimmer sous le terme de « gun-kata ») sont plus nombreuses et toujours aussi rythmées (l'influence de "The Raid" au niveau du tempo des affrontements est évidente) : on y retrouve notre héros enchaîner avec une certaine virtuosité les meurtres comme il avalerait des cacahouètes à l'apéro ! La dimension ludique de ces séquences a même été renforcé : chaque adversaire ou élément du décor amène directement une mise en scène spécifique et originale. Vous assisterez donc à
un échange de coups de feu « muet » en plein centre commercial ainsi qu'à une chorégraphie impressionnante où un simple crayon devient une arme meurtrière !
Et pour mettre en avant ces incroyables performances martiales des comédiens, Stahelski multiplie les plans longs parfaitement raccordés, en évitant d'avoir recours aux CGI : aujourd'hui, à Hollywood, les scènes d’action tournées en décors réels avec de vrais cascadeurs sont assez rares car elles demandent des moyens colossaux et une prise de risque élevé....dieu merci pour nous : le réalisateur de "John Wick 2" à des couxxxes et ne se laisse submerger par aucune pression externes. Autre point positif du film, d'autant plus qu'il était assez inattendu : la mise en valeur de l'univers secret des assassins auquel John appartient. Nous avons donc l'opportunité d’en apprendre plus sur cette sorte de « mythologie criminelle » mise en place dans le premier film. L'univers de John ne se cantonne plus à l'hôtel Continental de New York : nous apprenons en fait qu'il s'agit d'une « franchise mondiale » que l'on retrouve dans toutes les grandes villes de la planète ! On est alors scotché de voir que le nombre d'assassins en activité autour du globe est tout simplement hallucinante, alors que cette présence est permanente au sein du commun des autres mortels. Voilà l'idée ce qui fait réellement de John Wick 2 une suite efficace aux yeux du spectateur : un grand bravo au(x) scénariste(s) !! Au niveau du casting, force est de reconnaître que, là aussi, le boulot a bien été fait : Ian McShane reprend son rôle de l’énigmatique patron du Continental et bénéficie d’une grande présence à l’écran : vu comment il est parfait dans sa prestation, cela est un grand plaisir. La charmante Ruby Rose (vue dans "Orange is the New Black") est assez bluffante dans son rôle assassin muette. Laurence Fishburne incarne un personnage inattendu dont je ne dévoilerais rien pour ne pas spoiler (d'autant plus qu'on sent bien qu'on sera amener à le revoir par la suite), mais sachez que c'est toujours un plaisir de le voir devant une caméra. Quant à Keanu Reeves, que dire de plus que le rôle de Wick lui sied à merveille : ne parlant pas beaucoup, il peut exposer une virilité absolue et, comme il est l'un des rares comédiens en activité qui soit compétent en matière d'arts martiaux et de maniement des armes, il nous offre une série de cascades et de chorégraphies jubilatoires (pour vous en convaincre, il suffit de le voir
mettre à terre un adversaire à coup de crosse dans le larynx tout en rechargeant un Benelli avant d'utiliser ce dernier pour donner au pauvre type les derniers sacrements à coup de plomb en pleine tronche
: tout comme John Woo avec Chow Yun-Fat, Chad Stahelski et son comédien maîtrisent la violence à un tel point qu'ils arrivent à la rendre somptueuse à l'écran !) Bref, soyons clair : "John Wick 2", tout comme son prédécesseur, colle une claque : en livrant une suite efficace à son film sans tomber dans la resucée grossière de ce dernier, Chad Stahelski mélange ses inspirations pour nous proposer un nouveau standard en matière de cinéma d’action. Avec de multiples références visibles, des scènes d’action nombreuses et hallucinantes, une ouverture sur une véritable mythologie criminelle, un humour corrosif à base de punchlines très efficace et un formidable casting, "John Wick 2" est bien la petite bombe qu’on attendait : vivement le troisième opus !!!