Certes l’épilogue de "John Wick" laissait augurer d’une suite mais ce qui est désormais le premier opus aurait dû se suffire à lui-même en laissant le spectateur vaquer à son imagination, non ? Après tout, l’anti-héros se serait gagné le droit de couler des jours tranquilles, un avenir auquel il aspire afin de pouvoir pleurer sa défunte femme. Seulement voilà : la Mustang n’était pas encore récupérée et c’est dans la foulée du 1 que le 2 commence. Tout au plus quelques heures à peine les séparent. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que John Wick ne s’est pas calmé. Même si son visage n’est pas montré à l’écran dans la scène pré-générique, le spectateur comprend de suite que c’est bien lui qui est à la poursuite d’un motard, dont on ne connaîtra d’ailleurs ni l’identité ni son faciès. Est-ce si important ? Encore un sous-fifre à la solde de quelqu’un par là. "John Wick 2" commence comme s’était terminé le 1 : sur les chapeaux de roues, avec une course poursuite qui se termine plus ou moins comme on s’y attend. Mais la cascade finale est si réaliste qu’elle est quand même surprenante. Restent les vitesses des véhicules, avec une boîte qui en comporte à l’infini. En effet, sur chaque plan, on entend les rapports passer au cran supérieur sans arrêt, mais le rétrogradage… jamais ! Sauf bien sûr quand les véhicules repartent de la vitesse zéro. Ensuite, vient un judicieux petit rappel de tout ce qui s’est passé dans le 1 par la bouche de l’inquiétant Abram (Peter Stormare) finalement laissé pour compte par la suite. Après, on reprend toutes les recettes de l’épisode précédent : un rythme effréné malgré une absence totale de course-poursuite en bagnole après les deux du début, de l’action, et un jeu de massacre. Ce n’est pas plus mal, car maintenant que le spectateur connait John Wick, il sait qu’il ne va pas faire dans la dentelle au cours de sa quête. Et ça se vérifie tout de suite. Ah ça, pour faire grand bruit, ça fait grand bruit, et pas seulement dans les haut-parleurs ! Et c’est tant mieux, car le spectateur se régale d’avance de la perspective de voir un bon film d’action. Le tapage mené par ce retraité réveillé va résonner jusqu’au tréfonds de l’organisation à laquelle il appartenait. "John Wick 2" a été annoncé comme étant plus fort et plus violent que le premier volet. Plus violent, je suis d’accord. En témoigne le nombre de morts beaucoup plus conséquent. Et on ne parle pas de méningite foudroyante ou d’une quelconque maladie mortelle, non : que des morts violentes. Mais plus fort… si on parle en matière d’acoustique, alors OK. Sinon, il faut admettre que ce deuxième opus est légèrement en deçà de son prédécesseur, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’effet de surprise n’est plus là. Ensuite, la réalisation est stylisée à souhait, avec un usage important de ralentis sur une mise en scène théâtrale tout en utilisant les codes du western (les regards qui se jaugent et se défient tout en se voulant intimidants, les gros plans sur les flingues dont le canon est dans le prolongement exact du bras tombant en parfait alignement avec la cuisse…). Certes ça apporte un plus au début, mais à force ça devient redondant. Tout comme les scènes d’action : elles deviennent répétitives. Outre le fait que nous avons affaire à un nouveau massacre, regardez bien monsieur Wick : il commence toujours par les ennemis les plus éloignés dès lors qu’il en tient un immobilisé sous lui (par les bras ou les jambes) avant d’achever celui-ci en dernier. De plus, son éphémère prisonnier est neutralisé selon la même technique (remarquez, pourquoi changer une technique éprouvée ?), mais au moins il a 3 secondes de répit par rapport à ses congénères qui eux ont à peine une demi seconde à vivre (et encore !) dès lors qu’ils se présentent devant John. Ça tire à tout va, pour en arriver à ce qui ne doit pas être loin d’être le double de victimes par rapport au 1. Cela donne un film d’action assez décérébré, sur un scénario en fin de compte plutôt maigre. Rien de bien compliqué en tout cas. Par rapport au fait qu’il s’était entendu dire que "John Wick 2" était plus fort que le premier, la déception n’est pas loin. Fort heureusement, il y a tout de même des scènes intéressantes, à commencer par celle qui se joue au sein d’un concert donné dans les superbes décors que sont les vestiges d’un temple romain. Un concert qui amène de la diversification dans une bande originale parfaitement calibrée. Il n’empêche que les scénaristes ont commis la même erreur que celle qui s’est produite dans la boîte de nuit (épisode précédent), à savoir que le public assistant au concert (certes magnifique, d’autant que la façon dont c’est filmé transcende la beauté du spectacle donné dans un cadre de rêve) met du temps à évacuer les lieux alors que les protagonistes s’entretuent à grand coups de flingues au beau milieu de la foule. Ben puisque l’air de rien j’en suis venu à la non crédibilité, il faut mettre le doigt sur le fait que chaque badaud se promenant dans la rue est un tueur. Même les SDF ! De quoi devenir paranoïaque, et à juste titre. A propos de SDF, il ne manque d’ailleurs plus que le nez rouge à Laurence Fishburne ! Cependant, on doit noter une toute petite originalité au scénario, dans le sens que les codes d’honneur sont mis en avant, mais pas les codes d’honneur que nous avons pu voir ici ou là. Non, les codes d’honneur de redevabilité. En revanche, certaines confrontations manquent à l’appel. Je pense notamment à Ares (Ruby Rose), qui n’offre finalement pas l’opposition que le spectateur attend. Pour preuve, je me suis dit que celle-ci, avec sa bouche pulpeuse et ses yeux noir enfoncés, allait donner du fil à retordre à John. Ils en viennent à s’affronter, oui... mais le compte n’y est pas. Comme je l’ai dit plus haut, Abram a été laissé pour compte, et je trouve ça curieux malgré son pacte de paix avec John. Après tout, l’équipe d’Abram s’est faite décimer ! Mais il semble que le frère de Viggo Tarasov ait compris qu’il ne valait mieux pas poursuivre dans cette voie, et il semble être le seul à l’avoir compris. Dans tous les cas, ce n’est pas la sagesse du détestable crétinoïde congénital Santino D’Antonio (Riccardo Scamarcio) qui l’étouffe, bien au contraire ! Et sous prétexte qu’il y a des actes qui ne peuvent rester impunis, "John Wick 3" est d’ores et déjà annoncé à l’horizon 2018. Et ça va repartir de plus belle, parce qu’un abruti de base (pourtant bien plus magnanime en apparence) a décidé de lui faire la peau sous prétexte d’une violation de certaines règles. Mais quelle est-elle ? Ça, je vous laisse le découvrir au gré d'un film où Keanu Reeves remplit une fois de plus son contrat (et de toute aussi belle manière que dans le 1), et dans lequel vous aurez plaisir à retrouver le raffinement et le flegme typiquement britanniques du majordome de l'excellent Lance Reddick, ainsi que le charismatique propriétaire de ce curieux hôtel que nous avons découvert aussi dans le 1, à savoir Winston (Ian McShane).